CHAPITRE XVII. ORIGINE DE LA FABLE DES NEUF MUSES.
27. On doit en effet rejeter l'erreur des païens qui, dans leurs vaines superstitions, ont représenté les neuf Muses tommes filles de Jupiter et de la Mémoire. Varron, celui qui fut parmi eux le plus éclairé peut-être et le plus versé dans ces sortes de matières, s'est attaché à réfuter cette fable. Il rapporte qu'une ville, dont le nom m'échappe, chargea trois ouvriers de sculpter chacun trois statues des Muses, dont elle voulait orner le temple d'Apollon ; elle devait acheter celles qu'elle jugerait le plus parfaitement exécutées. Les trois artistes réussirent également dans leur oeuvre, et la ville fut si ravie de la beauté des neuf statues, qu' elle en fit l'acquisition et les dédia à Apollon dans son temple. Ce fut le poète Hésiode qui dans la suite leur imposa des noms. Les neuf Muses ne sont donc pas filles de Jupiter, mais l'oeuvre égale de ces trois artistes ; et cette ville avait commandé trois statues, non parce qu'elle en avait vu trois en songe, ou que ce même nombre était apparu à chacun de ses habitants ; mais par suite de la nature même des sons musicaux. Tout son, en tant qu'il forme un chant, peut se produire de trois manières différentes : ou par la voix, comme dans celui qui chante sans le secours d'aucun instrument; ou par le souffle, comme dans la flûte et la trompette ; ou par la percussion, comme sur la harpe, le tambour, et tout autre instrument qui résonne de la même sorte.
