CHAPITRE XXXV. SCIENCE DE LA DÉFINITION ET DE LA DIVISION DES CHOSES, VRAIE EN ELLE-MÊME.
53. Quoique la science de la définition et de la division s'exerce souvent dans le domaine de l'erreur, on ne peut en inférer qu'elle soit fausse en elle-même. Elle a son principe, non dans le travail de l'esprit humain, mais dans la raison des choses. Quoiqu'elle ait servi aux poètes dans leurs fables, aux philosophes et aux hérétiques, je veux dire aux faux chrétiens , dans leurs opinions erronées, il n'en est pas moins vrai que toute définition , toute division ne doit rien renfermer d'étranger au sujet, ni rien omettre qui en soit de l'essence, même quand le faux est la matière à définir ou à diviser. Car le faux lui-même se définit, en disant qu'il consiste à présenter une chose autre qu'elle n'est : définition qui est vraie, quoique le faux ne puisse l'être. On peut en outre le diviser, et dire qu'il y en a deux sortes : l'une, des choses qui absolument ne peuvent pas être, et l'autre, des choses qui ne sont pas, bien qu'elles soient possibles. Prétendre, par exemple , que sept et trois font onze, c'est avancer une absurdité; et dire qu'il a plu aux calendes de janvier, quand il n'en est rien, c'est soutenir un fait qui pouvait avoir lieu, bien qu'il n'ait pas existé. La définition et la division du faux peuvent donc être vraies, quoique le faux lui-même ne le soit jamais.
