29.
Si le corps de l'homme, absolument parfait dans son genre avant le péché, a été depuis condamné à la faiblesse et à la mort, ce châtiment, tout juste qu'il soit, fait encore mieux ressortir la clémence du Seigneur que sa sévérité. Il nous apprend en effet qu'il faut renoncer aux voluptés charnelles et reporter notre amour vers Celui qui est et sera l'éternelle vérité. Voyez comme s'allient ici la beauté de la justice et la grâce de la miséricorde ! La douceur des biens intérieurs nous a séduits, l'amertume du châtiment nous détrompera. La divine providence a su adoucir la rigueur de nos peines, et nous pouvons dans ce corps si fragile chercher encore la justice, dompter notre orgueil, nous soumettre au joug de Dieu seul , nous défier absolument de nous et nous confier uniquement à sa direction et à sa protection suprêmes. Ainsi conduit par Dieu, l'homme de bonne volonté sait puiser la force au sein même des misères de la vie; il éprouve et affermit en lui la tempérance au sein des jouissances et de la prospérité de ce monde; sa prudence est tenue en éveil par les tentations pour en éviter les piéges ; il devient même au milieu d'elles plus actif et plus ardent pour la vérité qui seule n'égare jamais.
