30.
Dieu, pour guérir nos âmes, varie ses moyens et les proportionne au temps que règle son admirable sagesse. Mais il ne faut pas parler de ces moyens; ou bien il le faut faire devant des hommes pieux et parfaits. Disons toutefois que cette prévoyante bonté pour le salut des hommes se montra sans mesure, lorsque la Sagesse de Dieu, c'est-à-dire le Fils unique consubstantiel et coéternel au Père, daigna s'unir personnellement à l'homme tout entier. « Et « le Verbe se fit chair et il habita parmi nous1. » Ainsi les hommes charnels, esclaves de leurs sens et incapables de contempler la vérité, ont pu comprendre quel rang distingué parmi les créatures occupe la nature humaine. Non content de se rendre visible, comme il le pouvait dans un corps subtil et aérien , accessible à notre regard, il s'est manifesté aux hommes en se faisant véritablement homme: il convenait en effet qu'il revêtit la nature qu'il devait racheter, et afin que ni l'un ni l'autre sexe ne se crût rejeté de Dieu, il se fit homme et voulut naître d'une femme.
Jean, I, 14. ↩
