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Et pour être passagère, cette beauté n'est pas un mal. Le vers dans un poème n'a-t-il pas sa beauté particulière, quoique deux syllabes ne puissent être prononcées ensemble ? On n'entend la seconde qu'après l'émission de la première , ainsi on arrive régulièrement à la fin, et quand la dernière se fait entendre, on n'entend plus les précédentes, mais elle s'unit avec elles pour compléter la forme et la beauté de la mesure. Néanmoins, l'art de faire des vers n'est pas pour cela soumis au changement ; il n'est pas nécessaire que sa beauté se développe successivement. Cet art possède en même temps tous ses traits, quoique le vers qu'il compose n'ait point en même temps tous les siens et que les derniers effacent les premiers; le vers est beau cependant parce qu'il montre comme les faibles linéaments de l'immuable beauté cachée dans l'art.