47.
Examinons en second lieu les opinions qui partagent les hommes sur le culte dû à ce Dieu unique.I1 y a en nous une foi qui nous porte des choses temporelles aux choses éternelles; or nous le savons, nos pères ont compris par cette foi l'enseignement de miracles visibles, car si ces miracles n'eussent été visibles ils n'auraient pu les comprendre, et leur conduite a fait que les mêmes miracles ne sont plus nécessaires. Depuis en effet que l'Eglise catholique est répandue et solidement établie par toute la terre, ces prodiges n'ont pas dû se perpétuer jusqu'à notre temps, de peur que l'esprit ne cherchât toujours les choses visibles et que l'habitude même ne refroidît le genre humain pour des merveilles dont la nouveauté l'avait enflammé1. Nous ne devons pas douter non plus de la nécessité de s'en rapporter au témoignage d'hommes qui, tout en annonçant des vérités accessibles au petit nombre, ont néanmoins obtenu l'assentiment des peuples. Car nous examinons maintenant, il ne faut pas l'oublier, à quelle autorité il faut se soumettre, tant qu'on ne peut pénétrer les choses divines et invisibles. Une fois en effet que l'âme est purifiée et voit clairement la vérité, il n'est pas question de la soumettre à une autorité humaine : mais l'orgueil ne conduit jamais à cette élévation. Fatal orgueil ! sans lui il n'y aurait ni hérétique, ni schismatique, ni circoncis de corps., ni adorateur de la créature et des idoles. Et pourtant s'ils n'existaient eux-mêmes avant que le peuple de Dieu soit arrivé au terme qui lui a été promis, on chercherait la vérité avec beaucoup moins d'ardeur.
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Rét. c. 13, n. 7. ↩