50.
Il est donc indubitable que chacun peut être toute sa vie le vieil homme, l'homme terrestre; mais aussi il est impossible à qui que ce soit d'être ici-bas l'homme nouveau, l'homme céleste, sans avoir été l'homme ancien; car l'homme nouveau commence assurément à l'ancien, et pendant que l'un grandit, que l'autre décroît, ils doivent vivre ensemble jusqu'à la mort. Ceci s'applique dans une certaine mesure au genre humain tout entier, dont la vie, commençant avec Adam pour finir avec les siècles, peut être comparée à celle d'un seul individu; les lois providentielles qui le gouvernent nous le montrent divisé en deux parties. D'un côté, c'est la foule des impies qui portent l'image de l'homme charnel, du commencement du monde jusqu'à la fin. De l'autre, c'est la suite du peuple consacré à un seul Dieu ; mais depuis Adam jusqu'à Jean-Baptiste, il mène la vie du vieil homme, sous l'empire de la crainte servile. Son histoire s'appelle l'Ancien Testament et paraît ne promettre qu'un royaume terrestre, mais elle est la figure du peuple nouveau et du Nouveau Testament qui promet l'éternel royaume. La vie de ce peuple commence dans le temps avecl'humble avènement de Notre-Seigneur et se prolonge jusqu'au jour du jugement, quand le Sauveur viendra dans la gloire. Après ce jugement et l'anéantissement du vieil homme, alors commencera cette transformation qui assure au juste la vie des anges, car : « Tous nous ressusciterons, mais nous ne serons pas tous changés1. » Le peuple pieux ressuscitera donc afin de changer en homme nouveau les restes du vieil homme. Le peuple impie ressuscitera aussi : toujours il a vécu du vieil homme et il sera plongé dans l'abîme de la seconde mort. Si on lit attentivement, on découvre encore la distinction de différents âges et on ne s'effraie ni de la zizanie, ni de la paille. Car l'impie vit pour l'homme de bien et le pécheur pour le juste; l'exemple des uns excite la ferveur des autres, jusqu'à ce qu'ils arrivent à la perfection dernière.
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I Cor. XV, 51. ↩