14.
La prudence signifie la contemplation même de la vérité, contemplation que ne peut rendre aucun langage humain parce, qu'elle est ineffable; et vouloir la faire connaître, c'est se mettre plutôt dans le douloureux travail de l'enfantement que de la produire au jour. L'Apôtre nous dit lui-même qu'il a entendu là des paroles dont l'expression est impossible à l'homme 1. Cette prudence traverse donc la terre qui possède l'or, le rubis et la pierre d'onyx, c'est-à-dire : la bonne règle de vie, qui purifiée de toute souillure terrestre, brille comme l'or le plus pur; et la vérité que ne peut vaincre aucune erreur pas plus que la nuit ne peut vaincre l'éclat des rubis; enfin la vie éternelle désignée par la couleur verte de la pierre d'onyx à cause de sa vigueur toujours pleine de sève. Pour ce fleuve qui coule autour de la terre d'Éthiopie, échauffée et comme embrasée par les rayons. du soleil; il signifie la force à laquelle la chaleur de l'action donne du mouvement et de la vivacité. Le troisième fleuve, le Tigre se dirige contre les Assyriens et rappelle la tempérance qui résiste à la sensualité, toujours ennemie des conseils de la prudence : aussi le terme d'Assyriens est souvent pris dans les Écritures pour synonyme d'ennemi. Il n'est pas dit de quel côté se dirige le quatrième fleuve, ou quelle terre il parcourt c'est que la justice tient à tous les côtés de l'âme, et n'est autre chose que l'ordre et l’équilibre d'où résultent l'union et l’harmonie des trois autres vertus. A la tête marche la prudence ; la force vient en second lieu; et en troisième la tempérance : dans cette union, dans cette harmonie consiste la justice.
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II Corinth. XII, 4. ↩