40.
Quand on me demande ce que signifie un mot, par exemple catus (avisé), je commence par répondre, prudeus, (prudent), acutus (pénétrant); si cette réponse ne suffit pas et qu'on me demande d'où vient le mot catus, je répète la même expression, acutus, et je force de remonter à son origine. On l'ignorait aussi bien que celle de catus; et comme l'expression était ordinaire, on s'accommodait fort bien de son ignorance; mais du moment qu'un calot rare avait frappé l'oreille, on se ne contentait plus d'en savoir le sens, on voulait en connaître l'étymologie. Eh bien! qu'on me demande pourquoi il apparaît des images dans l'état extraordinaire qu'on appelle extase; je demanderai à mon tour pourquoi nous envoyons dans nos songes, phénomène journalier qui ne frappe personne ou qu'on ne s'empresse guère d'étudier. Est-il donc moins étonnant, parce qu'il est journalier; moins digne d'attention, parce qu'il est général ? On croit faire preuve d'esprit en ne s'occupant pas d'un songe; on devrait à plus forte raison demeurer indifférent aux visions. Pour moi, une chose me frappe et me confond bien plus que les visions dans un songe ou même dans une extase; c'est la facilité la promptitude avec laquelle l'âme produit en elle même l'image des corps qu'elle a vus par le ministère des yeux. Quelle que soit la nature de ces images, il est incontestable quelles ne sont pas corporelles. Si, trouvant cette notion insuffisante on veut savoir de quel principe elles sortent, qu'on s'adresse ailleurs; j'avoue sur ce point mon ignorance absolue.