11.
« Or la terre était invisible et sans ordre et les ténèbres étaient sur l'abîme, et l'Esprit de Dieu était porté sur l'eau. » Les hérétiques ennemis de l'ancien Testament accusent ainsi ce passage : Comment, disent-ils, Dieu a-t-il fait dans le principe le ciel et la terre, si déjà la terre existait ? Ils ne comprennent pas que ceci a été ajouté pour exposer dans quel état se trouvait la terre dont il a été dit réellement : « Dieu fit le ciel et la terre. » Il faut donc entendre ainsi le texte : « Dieu dans le principe fit le ciel et la terre; » or cette terre que Dieu avait faite était invisible et n'offrait que désordre, jusqu'à ce que lui-même encore la fit paraître dans sa forme et passer de la confusion où elle était d'abord à l'état d'ordre qui règne entre toutes ses parties. Ou bien ne vaudrait-il pas mieux penser qu'il s'agit encore ici de la même matière quia été précédemment désignée sous les noms de ciel et de terre? Le sens serait celui-ci: « Dans le principe Dieu fit le ciel et la terre; » or ce qui est appelé ciel et terre en ce lieu, était une terre invisible et sans ordre et les ténèbres étaient sur l'abîme; en d'autres termes, ce qui a été nommé ciel et terre était une matière confuse de laquelle le monde, composé de deux grandes parties qui renferment tout le reste, savoir, du ciel et de la terre, devait sortir avec. une forme déterminée, après que les éléments seraient coordonnés entre eux. Cette confusion de la matière a pu être indiquée à l'intelligence du vulgaire, par les mots de terre invisible, sans ordre, sans arrangement, de ténèbres sur l'abîme, c'est-à-dire sur une immense profondeur. Ce dernier mot a pu être employé aussi pour faire entendre que nulle intelligence ne saurait comprendre la matière informe, à raison même de son informité.