11.
« Car, celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, comment peut-il aimer Dieu qu'il ne voit pas? Et c'est de Dieu même que nous avons reçu ce commandement : « Que celui qui aime Dieu, aime aussi son frère ». Tu disais avec emphase: « J'aime Dieu », et tu détestes ton frère ! Homicide, comment peux-tu aimer Dieu? N'as-tu pas entendu ces paroles précitées dans l'épître de Jean : « Quiconque hait son frère, est un homicide? — Je n'aime pas mon frère, mais j'aime Dieu de tout mon coeur.— Si tu détestes ton frère, tu n'aimes pas du tout Dieu. Je le prouve par un autre passage du même livre. Jean lui-même a dit : « Dieu nous a donné un commandement, c'est de nous aimer les uns les autres1 ». Peux-tu dire que tu aimes Dieu, dès lors que tu foules aux pieds son commandement? Quel est l'homme qui tiendrait ce langage : J'aime l'empereur, mais j'abhorre ses lois? L'empereur reconnaît qu'on l'aime, lorsqu'on observe ses lois dans toutes les provinces de son empire. Quelle est la loi du souverain Maître? « Je vous donne un commandement « nouveau, c'est que vous vous aimiez les uns les autres2 ». Tu dis que tu aimes le Christ; observe donc son commandement, chéris ton frère. Mais si tu ne le chéris pas, comment peux-tu aimer le Christ, puisque tu méprises son précepte? Mes frères, je ne me lasse point de vous parler de la charité au nom du Sauveur. Autant vous éprouvez le désir de la posséder, autant j'ai lieu de penser qu'elle grandit en vous et qu'elle en fait sortir la crainte, afin de n'y laisser qu'une crainte pure qui demeure éternellement. Supportons le monde , les tribulations, le scandale des tentations ; ne nous éloignons pas du chemin droit, attachons-nous à l'unité de l'Eglise, au Christ, à la charité; ne nous séparons, ni des membres de son épouse, ni de la foi, afin que nous puissions nous glorifier en sa présence; ainsi resterons-nous en lui pleins de tranquillité, maintenant par la foi, plus tard en le voyant tel qu'il est, comme nous en avons reçu la précieuse promesse dans le don de l'Esprit-Saint.