LXI.
« J'aurai pitié de celui dont j'aurai eu pitié, et je ferai miséricorde à celui à qui j'aurai fait miséricorde 1. » Ces paroles montrent qu'il n'y a en Dieu aucune injustice, comme quelques-uns pourraient le conclure de ces autres expressions : « Avant qu'ils fussent nés, « j'ai aimé Jacob, et haï Esaü. » En effet, Dieu dit ici parla bouche de l'Apôtre : « J'aurai pitié de celui dont j'aurai eu pitié. » Il a eu pitié de nous, d'abord en nous appelant lorsque nous étions pécheurs. C'est pour cela qu'il dit : « Celui dont j'aurai eu pitié » en l'appelant, « j'en aurai pitié » encore lorsqu'il croira. Mais comment cette seconde fois, si ce n'est en donnant l'Esprit-Saint à celui qui croira et demandera ? Après ce nouveau don, il fera miséricorde à celui à qui il aura fait miséricorde, c'est-à-dire qu'il le rendra miséricordieux en lui donnant le pouvoir de pratiquer le bien par la charité. Conséquemment, que personne n'ose s'attribuer les oeuvres de miséricorde qu'il fait, puisque c'est Dieu qui lui a donné, par l'Esprit-Saint, la charité sans laquelle ces oeuvres nous sont absolument impossibles. Ce ne sont pas les bonnes oeuvres, mais plutôt la foi que Dieu a choisie en nous pour nous faire lui-même pratiquer le bien. La foi et la volonté nous appartiennent; mais c'est lui qui donne à notre foi et à notre volonté, le pouvoir de faire le bien, par le Saint-Esprit, qui répand dans nos coeurs la charité de Dieu pour nous rendre miséricordieux 2.