5.
C’est de la bouche des enfants nouveau-nés et à la mamelle, que vous avez tiré une louange parfaite , à l’encontre de vos ennemis (Id. 3 )». Par ces enfants nouveau-nés et à la mamelle, nous ne pouvons entendre que ceux dont l’Apôtre a dit : « Comme à des enfants en Jésus-Christ, je vous ai donné du lait et non des viandes solides (I Cor. III, 2 ) ». Ils étaient figurés par ces autres enfants qui précédaient Jésus-Christ en chantant ses louanges, et en faveur desquels Jésus cita ce passage dans sa réponse aux Juifs qui le pressaient de leur imposer silence : « N’avez-vous donc point lu cette parole, dit le Sauveur : C’est de la bouche des enfants nouveau nés et à la mamelle, que vous avez tiré une louange parfaite (Matt. XXI, 16 )? » Il a raison de ne point dire seulement: « Vous avez tiré votre louange »; mais, « une louange parfaite ». Car il y a des fidèles dans l’Eglise, qui ont quitté le lait pour une nourriture plus solide, et c’est d’eux que parle saint Paul quand il dit : « Nous prêchons aux parfaits la sagesse divine (Cor. II, 6 ) » mais ils ne sont pas seuls pour former l’Eglise, car s’ils étaient seuls, Dieu abandonnerait la faiblesse humaine. Or, c’est par égard pour cette faiblesse, qu’il veut donner pour nourriture, à ceux qui sont incapables de comprendre les choses spirituelles et éternelles, la foi historique de tout ce qui s’est accompli dans le temps, depuis les Patriarches et les Prophètes, par celui qui est l’incomparable puissance et la sagesse de Dieu, et particulièrement dans le mystère de l’Incarnation. Quiconque y adhère par la foi y trouve le salut, lorsque, entraîné par cette autorité, il se soumet aux préceptes qui le purifient, s’enracine solidement la charité, devient capable de courir avec les saints, non plus comme l’enfant qui a besoin de lait, mais comme le jeune homme qui prend une nourriture solide, et peut comprendre la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur, connaître même l’amour de Jésus-Christ pour nous, qui surpasse toute connaissance (Eph. III, 18, 19 ).