5.
Un tel cerf, affermi dans la foi, qui voit ne point ce qu’il croit, qui désire comprendre ce qu’il aime, souffre des contradictions de qui ne sont point des cerfs, qui ont l’intelligence obscurcie, qui sont plongés dans les ténèbres intérieures et aveuglés par de coupables convoitises. Ils vont même jusqu’à dire insolemment à l’homme de foi qui ne peut montrer ce qu’il croit: « Où est donc ton Dieu1 ? » Ecoutons ce qu’a opposé à ces paroles ce cerf qu’il nous faut imiter, si le nous pouvons. D’abord il exprime l’ardeur de sa soif : « Comme le cerf », dit-il, «brame après eau de fontaine, ainsi mon âme soupire après vous, ô mon Dieu ». Mais est-ce pour s’y baigner que le cerf brame après les eaux? jusque-là nous ne savons si c’est pour y ou s’y baigner. Ecoute ce qui suit et ne questionne plus: « Mon âme a soif de vous, qui êtes le Dieu vivant ». Cette parole : « Comme le cerf brame après l’eau des fontaines, ainsi, mon âme soupire après vous, ô mon Dieu2 », je la répète ici: « Mon âme a soif de vous, ô Dieu, source de vie ».
Quelle est la cause de sa soif? « Quand apparaîtrai-je devant la face de Dieu? » Arriver, apparaître : voilà ce qui attise ma soif. J’ai soif dans mon pèlerinage, soif dans ma course : je serai désaltéré à mon arrivée. Mais, « quand arriverai-je? » Ce qui est court aux yeux de Dieu, est bien long pour mes désirs. « Quand apparaîtrai-je devant la face de Dieu ? » C’est ce même désir qui lui fait pousser ailleurs cette exclamation : « Je n’ai fait au Seigneur qu’une seule demande, c’est d’habiter tous les jours de ma vie dans la maison du Seigneur ». Pourquoi? « Afin », dit-il, « de contempler la beauté du « Seigneur». — « Quand viendrai-je et apparaîtrai-je devant la face de Dieu?3 »