8.
Cherchant donc mon Dieu dans les choses visibles et corporelles, et ne le trouvant point; cherchant encore en moi sa substance, assume s’il était de même nature que moi, et ne l’y trouvant pas plus, je sens que mon Dieu est supérieur à mon âme. Donc, afin de l’atteindre : « J’ai médité ces choses et répandu mon âme au-dessus de moi1 ». Quand mon esprit pourrait-il atteindre ce que l’on doit chercher dans des régions supérieures, s’il ne se répandait au-dessus de lui-même? A demeurer en lui-même, il ne versait que lui; et en se voyant il ne verrait point Dieu. Que mes insulteurs me disent maintenant : « Où est ton Dieu? » oui, qu’ils me disent: pour moi, tant que je ne verrai point, tant que je suis éloigné, je me nourris suit et jour de mes larmes. Qu’ils me disent encore: « Où est ton Dieu? » je cherche mon dieu dans tous les corps, soit terrestres, soit célestes, et ne le trouve point; je le cherche dans la substance de mon âme, et ne le trouve point; et toutefois, j’ai résolu de chercher mon Dieu, et de comprendre par1les créatures visibles les beautés invisibles de Dieu2; « et j’ai répandu mon âme au-dessus de moi »; il ne me reste plus rien à atteindre, si ce n’est mon Dieu; c’est là, c’est au-dessus de mon âme qu’est la demeure de mon Dieu; c’est là qu’il habite, c’est de là qu’il me regarde, de là qu’il m’a créé, de là qu’il me dirige, de là qu’il me conseille, de là qu’il me stimule, de là qu’il m’appelle, de là qu’il me redresse, de là qu’il me conduit, de là qu’il me fait aboutir.