1.
Il est, mes frères, plusieurs sujets fort connus de vous, ce me semble, et sur lesquels nous passons légèrement, car il n’est pas besoin d’appuyer longuement sur les choses que vous savez. Comprenons bien que nous sommes les fils de Coré. Je ne fais que vous rappeler ce que vous savez déjà, que Coré signifie Chauve, et que Notre-Seigneur, parce qu’il fut crucifié au Calvaire1 , s’attira beaucoup de fidèles, comme ce grain de froment qui serait demeuré seul, s’il ne fût mort dans la terre2; et que ces hommes attirés au Crucifié, s’appellent mystérieusement fils de Coré. Du reste, je ne sais quels étaient ces fils de Coré, quand on chantait ce psaume3; mais nous devons suivre l’esprit qui vivifie, et non la lettre qui tue4. C’est donc nous qu’il faut comprendre ici, et voir si c’est à nous que s’adresse la suite du psaume ou son contexte. Nous nous y retrouverons sans nul doute, si nous nous attachons aux membres de ce corps dont la tête est dans le ciel, où elle s’est élevée après la passion, afin d’élever avec elle ceux qui étaient dans la bassesse, de les rendre fertiles avec elle, en leur faisant porter des fruits dans la patience. Or, le psaume a pour titre: « Pour la fin, psaume aux enfants de Coré, pour les mystères5 ». Il y a donc ici des choses cachées, mais vous savez que celui qui fut crucifié au Calvaire, déchira le voile du temple, afin d’en mettre les secrets en évidence6, Comme la croix de Notre-Seigneur fut une clé qui ouvrit ce qu’il y avait de plus caché, croyons qu’il voudra bien nous venir en aide, et nous révéler ces figures. « Pour la fin », cette expression doit toujours s’appliquer à Jésus-Christ, « qui est la fin de la ce loi pour justifier ceux qui croiront7 ». Or, on l’appelle fin, non parce qu’il détruit, mais parce qu’il perfectionne. En effet, nous disons d’un pain qu’il est fini quand il est mangé; d’une robe que l’on tissait, qu’elle est finie. Dans le premier cas il y a destruction, dans le second achèvement. Mais comme en allant au Christ nous ne pouvons nous élever davantage, il est appelé la fin de notre course. N’allons pas croire qu’une fois arrivés à lui il nous reste encore à faire de nouveaux efforts pour aller au Père. Ainsi le pensait Philippe, qui lui disait : «Seigneur, montrez-nous le Père et cela nous suffit ». En disant: « Cela nous suffit », il cherchait une fin qui complète, qui perfectionne. Mais Jésus lui répond: « Philippe, voilà si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas encore? Philippe, celui qui me voit, voit aussi mon Père8 ». En lui donc nous avons le Père, parce qu’il est dans le Père, et que le Père est en lui, et que le Père et lui sont un9.
