2.
Voici de quelle manière commencent les versets à expliquer : « Ils sont comme des troupeaux dans l’enfer ; la mort est leur pasteur1». De qui? De ceux qui ont trouvé le scandale dans leur voie. De qui? De ceux qui ne sont occupés que du présent, sans penser à l’avenir; de ceux qui ne croient pas à une vie autre que cette vie, laquelle mérite plutôt le nom de mort. Ce n’est donc pas sans sujet qu’ils ressemblent à des troupeaux dans l’enfer, ayant la mort pour pasteur. Qu’est-ce à-dire que la mort est leur pasteur? La mort serait-elle donc une réalité ayant quelque puissance? La mort est en effet la séparation de l’âme et du corps, et cette séparation de l’âme et du corps, voilà ce que redoutent les hommes; mais il est une mort plus réelle, et que les hommes ne redoutent point, c’est la séparation de l’âme et de Dieu. C’est là proprement la mort. Comment cette mort doit-elle « être pour eux un berger? » Si le Christ est la vie, le diable est la mort. Or, nous savons par de nombreux passages de l’Ecriture que le Christ est la vie. Mais le diable est la mort, non que lui-même soit la mort, mais parce que la mort vient de lui. Qu’il soit question de la mort à laquelle Adam fut condamné, elle n’est entrée que par lui dans le genre humain; qu’il soit question de la mort qui sépare notre âme de Dieu, elle vient encore de celui qui tomba par orgueil, et qui, jaloux de voir l’homme se tenir debout, le renversa par une mort invisible, de manière qu’il dut subir aussi une mort visible2. Ceux donc qui lui appartiennent ont la mort pour pasteur mais nous, qui pensons à un avenir immortel, te n’est pas sans raison que nos fronts sont marqués du signe de la croix, parce que nous n’avons d’autre pasteur que la vie. Le pasteur des infidèles est donc la mort; le pasteur des fidèles est la vie. Quoi donc? Sommes-nous déjà dans le ciel? Nous y sommes selon la foi. Si nous ne sommes pas dans le ciel, que devient cette parole: Elevez vos coeurs? Si nous ne sommes pas dans le ciel, que devient ce mot de saint Paul: « Notre conversation est dans le ciel3? » Notre corps est donc sur la terre, et notre coeur dans le ciel. C’est là que nous habitons, si nous y envoyons de quoi y retenir notre coeur. Car nul n’est de coeur qu’au lieu occupé par ses pensées; et sa pensée est au même lieu que son trésor. S’il a son trésor sur la terre, son coeur ne s’élève pas au-dessus de la terre; et s’il a son trésor dans le ciel, son coeur ne descend pas du ciel; le Seigneur nous dit clairement: « Là où est votre trésor, là aussi est votre coeur4 ».