13.
« Les cieux annonceront sa justice1 ». Oui, en effet, les cieux nous ont annoncé la justice de Dieu. Les évangélistes l’ont prêchée. Par eux nous avons appris que ceux-là seraient à sa droite, à qui le Père de famille dirait: « Venez, bénis de mon Père, et recevez ». Que recevrez-vous? « le royaume ». Pourquoi? « Parce que j’ai eu faim, et que vous m’avez donné à manger2 », Quoi de plus vulgaire, de plus terrestre, que de donner un morceau de pain à celui qui a faim? Voilà ce que coûte le royaume des cieux. « Partage ton pain avec celui qui a faim, et reçois sous ton toit celui qui n’a pas d’asile; si tu vois un homme nu, couvre-le3 » - Mais si tu n’as ni pain à partager avec lui, ni logis à lui offrir, ni habit pour le vêtir, donne-lui un verre d’eau froide4; mets seulement deux deniers dans le trésor5. Ces deux deniers valurent à la veuve ce que valut à Pierre d’abandonner ses filets, et à Zachée de donner la moitié de son bien6. Ce royaume coûte ce que vous avez. « Les cieux donc annonceront sa justice, car le Seigneur est juges. Oui, vraiment juge, ne confondant rien, discernant tout. « Car le Seigneur connaît ceux qui sont à lui7». Bien que les grains soient cachés dans la paille, le laboureur les connaît. Que nul ne craigne d’être le bon grain, fût-il mêlé à la paille, car les yeux de notre vanneur ne peuvent se tromper. Ne crains donc pas que la tempête qui se fera autour de lui te confonde avec la paille. La tempête sera violente à la vérité, et pourtant elle n’ôtera pas un seul grain de blé pour le jeter avec la paille ; car le juge ne sera point quelque homme agreste avec son trident, mais bien le Dieu Trinité. « Les cieux annonceront sa justice, car le Seigneur est un juge. Que les cieux aillent et qu’ils prêchent, que leur voix gagne les confins de la terre, et que leurs paroles se répandent jusqu’aux extrémités du monde8 »; et que ce grand corps dise à Dieu: « Des confins de la terre j’ai crié vers vous, quand mon coeur était dans l’angoisse9 » Aujourd’hui qu’il est dans la confusion, il gémit; après le discernement, il sera dans la joie. Qu’il élève donc la voix et qu’il dise : « Ne perdez point mon âme avec les impies, et ma vie avec les hommes de sang10 ». Le Seigneur ne nous perdra pas avec eux, parce qu’il est un juge. Qu’il crie donc vers lui, et lui dise : « Jugez-moi, Seigneur, et séparez ma cause de celle d’un peuple impie » Qu’il parle ainsi et Dieu l’écoutera ; et tous ses justes se presseront autour de lui. « Il a appelé la terre pour séparer son peuple11 ».
