18.
« Et j’attendrai votre nom, parce qu’il est doux ». On ne rencontre qu’amertumes en ce monde, mais votre nom est rempli d’agréments; et si l’on trouve ici-bas quelques douceurs, quelles amertumes on ressent quand on les a goûtées! La grandeur et la douceur donnent à votre nom la prééminence sur toutes choses. Les méchants m’ont fait le récit de leurs plaisirs; mais, Seigneur, que leurs charmes sont loin de ressembler à ceux de votre loi1! Si les martyrs n’avaient trouvé aucune douceur dans leurs tourments, auraient-ils pu en supporter les amertumes? Il était facile pour tous de voir en quelles amertumes ils étaient plongés, mais on ne pouvait guère éprouver la joie qu’ils ressentaient. Le nom de Dieu est donc plein de charmes pour ceux qui préfèrent le Seigneur à tous les plaisirs : « J’attendrai votre nom, parce qu’il est doux » . Mais à qui prouver que le nom de Dieu est doux ? Dis-moi quelle personne peut en savourer les délices? Fais du miel toutes les louanges possibles; exagère autant que tu voudras sa douceur; l’homme qui ne connaît pas le miel ne te comprendra pas avant d’en avoir goûté. Voilà pourquoi le Psalmiste t’invite d’une manière si pressante à faire l’expérience des charmes du nom de Dieu: « Goûtez », dit-il, « et voyez combien le Seigneur est doux2». Tu neveux pas le goûter et tu dis: Il est doux. A quoi sert de parler ainsi? Si tu l’as goûté, qu’on le voie dans les fruits de salut que tu produiras, et non pas seulement dans tes paroles, c’est-à-dire dans tes feuilles, parce que tu pourrais bien être maudit de Dieu comme le figuier stérile3. « Goûtez», dit le Psalmiste, « et voyez combien le Seigneur est doux » . « Goûtez et voyez ». Si tu goûtes, tu verras. Mais comment en viendras-tu à persuader un homme qui ne goûte pas? Quels que soient tes efforts à exalter la douceur du nom de Dieu, tes louanges ne seront jamais que des paroles incapables de la faire apprécier; il en serait tout autrement si tu pouvais la faire savourer. Les impies eux-mêmes entendent les louanges qu’on en fait, mais il n’y a que les saints pour les comprendre. Le Psalmiste sent toute cette douceur du nom de Dieu, il veut en donner une idée et la faire en quelque sorte toucher des yeux, mais il ne trouve personne à qui il puisse expliquer sa pensée; car, d’une part, les saints qui savourent et connaissent cette douceur du nom de Dieu, n’ont aucunement besoin d’en entendre parler ; d’autre part, les impies sont incapables d’apprécier ce qu’ils ignorent. Que faire alors? Comment parler de cette douceur du nom de Dieu? Il se sépare aussitôt de la foule des méchants et il dit : « J’attendrai votre nom, parce qu’il est doux en présence de vos saints ». Votre nom n’est pas doux en présence des impies, mais je sais à qui sa douceur est bien comme, c’est à ceux qui en ont fait l’expérience.