10.
« Ils observeront toutes mes démarches ». Les hommes, qui habitent comme étrangers et se cachent, ne le font que pour voir où la faiblesse humaine nous fera tomber : ils sont attentifs à chacun de nos pas, et, dès que nous venons à tomber, ils saisissent nos pieds, afin de nous faire périr : ou bien, ils mettent leur pied devant nous pour nous jeter à terre; ou bien encore, et surtout, ils s’efforcent de trouver, en notre conduite, un prétexte à accusations. Quel est celui qui ne tombe jamais en faute? Y a-t-il rien de plus facile, surtout quand on parle? Car n’est-il pas écrit: « Si quelqu’un ne pèche point par la langue, il est parfait1?» Qui est-ce qui osera se dire ou se croire arrivé à la perfection? Il est donc indubitable qu’on pèche en parlant. Ceux qui demeurent parmi nous comme étrangers et qui s’y cachent, examinent toutes nos paroles : ils s’ingénient à nous tendre des piéges et à lancer contre nous d’inextricables mensonges, au milieu desquels ils s’embarrassent eux-mêmes, avant d’y embarrasser les autres : par là, ils se prennent d’abord eux-mêmes, et périssent les premiers dans les lacets où ils prétendaient prendre et faire périr les autres. L’homme exposé à leurs artifices, rentre dans son propre coeur, et de là, il élève ses pensées vers Dieu, et il apprend à dire: « En Dieu, je louerai mes discours». Tout ce que j’ai dit de bon et de vrai, je l’ai dit pour Dieu, et sous son inspiration; et si, par hasard, j’ai dit ce que je ne devais pas dire, c’est comme homme que je l’ai dit, mais comme homme soumis à Dieu, à ce Dieu qui soutient celui qui marche dans le chemin droit, qui rappelle par ses menaces celui qui s’égare, qui pardonne à celui qui reconnaît ses fautes, qui lui fait rétracter ses paroles imprudentes, qui le relève de ses chutes. Car le juste tombera et se relèvera sept fois, mais les impies persévéreront dans le mal2. Qu’aucun d’entre nous ne craigne donc ces hommes hypocrites, acharnés à nous suivre, à scruter nos paroles, je dirais presque, à compter les syllabes qui s’échappent de nos lèvres. Qu’aucun de nous ne redoute les violateurs des divins commandements. Il s’ingénie à trouver en toi quelque chose de répréhensible : se servir de toi pour croire en Jésus-Christ, c’est le moindre de ses soucis. Examine avec soin les discours de celui que tu reprends; vois s’ils ne renferment pas des avis salutaires pour toi. — Mais les discours d’un homme qui pèche en parlant, peuvent-ils renfermer des conseils qui me soient utiles? — L’avantage que tu pourrais en retirer, ce serait peut-être de te montrer moins censeur de paroles, et de recueillir plus soigneusement les bonnes recommandations. « Ils observeront toutes mes démarches».