3.
« Pour la fin. Ne corromps rien, pour David sur l’inscription du titre ; lorsqu’il fuyait de devant la face de Saül dans une caverne ». Si nous nous reportons à la sainte Ecriture, nous verrons que le saint roi d’Israël, David, qui a donné son nom au Psautier, a été persécuté par Saül, aussi roi du même peuple; beaucoup d’entre nous le savent pour avoir lu ou entendu lire les Ecritures1. Saül devint donc le persécuteur de David : l’un était violent, et l’autre d’un caractère extrêmement doux ; celui-ci se montrait aussi simple, aussi patient, aussi bienfaisant que celui-là se montrait jaloux, cruel et ingrat. David usa de tant de ménagements àl’égard de Saül, qu’ayant vu tomber celui-ci entre ses mains, il ne lui fit aucun mal et ne le toucha pas même du bout du doigt. Dieu lui ménagea l’occasion de faire mourir son persécuteur : il préféra lui pardonner et lui laisser la vie. Un pareil bienfait ne désarma point Saül; il continua de tendre des embûches à son bienfaiteur. Au moment où ce roi, déjà réprouvé de Dieu, persécutait celui qui était choisi d’avance pour lui succéder, David s’éloigna de la présence de Saül, et se réfugia dans une caverne.
Mais quel rapport cet événement peut-il avoir avec le Christ ? Si tout ce qui se passait alors figurait l’avenir, il est ici bien plus question du Christ que de David, car j’ignore, à vrai dire, comment on pourrait appliquer à celui-ci les paroles précitées: « Ne corromps rien sur l’inscription du titre » : car jamais on n’a écrit de titre pour David, et, par conséquent, Saül n’en a jamais altéré. Nous voyons, au contraire, que, pendant la passion du Sauveur, on a fait une inscription ainsi conçue : « Roi des Juifs »: ce titre devait attacher une honte éternelle au front des scélérats qui avaient trempé leurs mains dans le sang de leur roi. Saül représentait les Juifs, comme David était la figure de Jésus-Christ. Selon l’Evangile des Apôtres, comme nous le croyons et le confessons tous, Jésus-Christ est né, selon la chair, de la race de David2». En tant que Dieu, il est élevé au-dessus de David, de tous les hommes, du ciel et de la terre, des Anges, de toutes les choses visibles et invisibles, parce que tout a été fait par lui, et que sans lui rien n’a été fait3. Il a daigné se faire homme et sortir de la race de David, pour descendre jusqu’à nous : il est né de la tribu de David , à laquelle appartenait la Vierge Marie, qui a enfanté le Christ4. On plaça donc au-dessus du Christ cette inscription : « Roi des Juifs » Saill, comme nous l’avons dit , représentait le peuple juif David était la figure du Christ; et le titre indiqué dans le psaume préfigurait celui-ci « Roi des Juifs ». Les Juifs s’irritèrent de ce qu’on avait écrit : « Roi des Juifs » ; il leur répugnait d’avoir pour roi l’homme qu’ils avaient eu le pouvoir de crucifier, car ils ne prévoyaient pas alors que l’image de cette croix à laquelle ils l’avaient attaché, ornerait un jour la couronne des rois. Exaspérés de ce qu’on lui avait donné ce titre, ils allèrent trouver Pilate, ce juge auquel ils avaient proposé de mettre à mort le Christ, et ils lui dirent : « N’écrivez pas : Roi des Juifs, mais écrivez qu’il s’est donné pour le roi des Juifs » Mais comme le Saint-Esprit avait déjà dit par la bouche du Psalmiste « Ne corromps rien sur l’inscription du titre », Pilate leur répondit : « Ce que j’ai écrit est écrit5 » Pourquoi voudriez-vous me faire mentir ? Je n’altère pas la vérité.