17.
« Ils disparaîtront comme de la cire qui se fond1 ».Tu diras peut-être: Tous ne me ressemblent pas; tous ne tombent pas en défaillance pour puiser la foi dans leur faiblesse, car on en voit un grand nombre persévérer dans le péché et dans la malice. Ne crains rien de leur part; « ils disparaîtront comme de la cire qui se fond ». Ils ne tiendront pas longtemps contre toi; leur résistance ne sera pas de longue durée; ils seront consumés par les ardeurs mêmes de leur concupiscence. Il y a, pour ces pécheurs endurcis, une sorte de peine cachée; à partir de ce. verset jusqu’à la fin du psaume, le Prophète nous en parlera: il nous reste peu de versets à expliquer; veuillez me prêter toute votre attention.
L’avenir réserve aux pécheurs une peine d’une certaine nature; c’est la géhenne du feu, c’est le feu éternel. Elle est de deux sortes. La peine de l’enfer, d’abord : le mauvais riche en souffrait ; après avoir relégué en dehors de sa porte le pauvre Lazare, objet de ses mépris, il eût désiré qu’une goutte d’eau, tombée du bout du doigt de ce malheureux, vînt rafraîchir ses lèvres desséchées par le feu; et il s’écriait : « Que je souffre dans ces flammes2 ! » Ensuite, la peine finale à laquelle seront condamnés ceux que le Seigneur placera à sa gauche en leur disant: « Allez au feu éternel, qui a été préparé au démon et à ses anges3». Ces punitions seront visibles à tous les yeux, soit au moment où nous sortirons de cette vie, soit à la fin des temps, lorsque sera venu le jour de la résurrection des morts. Mais pour aujourd’hui, n’y a-t-il aucune peine réservée aux pécheurs, et le Seigneur laissera-t-il leurs iniquités impunies jusqu’à ce dernier jour? Non, il est pour eux ici-bas une peine secrète; nous allons vous en entretenir. L’Esprit de Dieu veut nous la faire connaître; puissions-nous en concevoir une idée juste, y prendre garde et l’éviter ! Par là, nous nous préserverons de ces punitions terribles que je vous signalais tout à l’heure. Quelqu’un me dira peut-être : Pendant cette vie mortelle, l’homme est exposé à des peines de plus d’une sorte, à la prison, à l’exil, aux tourments, à la mort, à des douleurs et à des tribulations de tout genre. Oui, l’existence humaine est traversée de ces peines diverses, et Dieu nous en afflige, par un juste jugement de sa Providence; elles servent à éprouver les uns et à punir les autres. Parfois il arrive que les justes se voient soumis à de pareilles épreuves et que les pécheurs en sont exempts. Le Prophète s’en était aperçu; il avait alors senti une sorte de faiblesse dans sa démarche; mais enfin, il s’était écrié : « Que le Dieu d’Israël est bon pour ceux qui ont le coeur droit ! Mes pieds se sont ébranlés, parce que j’ai été saisi d’indignation en u voyant la paix dont ils jouissent». Il avait été témoin de la félicité des méchants; il aurait presque désiré de leur ressembler, car il les voyait placés au faîte des honneurs, réussissant à merveille, nageant, en quelque sorte, dans l’abondance des biens de ce monde; pareil à un enfant encore faible, il souhaitait recevoir de la main de Dieu tous ces avantages temporels; ses pas devinrent donc chancelants, jusqu’au moment où il réfléchit à ce qu’il y avait à craindre ou à espérer pour l’avenir. Aussi dit-il dans le même psaume: « Je ne vois, que difficultés devant moi, jusqu’à ce que j’entre dans le sanctuaire de Dieu, et que je comprenne leur fin4 ». Le Saint-Esprit veut fixer notre attention sur les peines réservées aux pécheurs, mais il ne veut nous parler ni des peines de l’enfer, ni du feu éternel, qui brûlera les méchants après la résurrection; ni des épreuves de cette vie, qui sont communes aux justes et aux pécheurs, et qui, le plus souvent, affligent d’une manière plus sensible les amis de Dieu que ses ennemis; ce qu’il a en vue, ce sont certaines peines de la vie présente. Faites-y bien attention, écoutez-moi; ce que je vais vous dire, vous le savez déjà; mais vous éprouverez un véritable plaisir à entendre le Psalmiste vous le répéter ici, et à comprendre un passage qui vous a paru difficile à saisir avant toute explication. Vous connaissez déjà les vérités dont je vais vous entretenir; néanmoins, elles vous seront aussi agréables que si elles avaient pour vous le charme de la nouveauté, parce que je vous aiderai à les découvrir là où vous ne supposiez pas les voir renfermées. Voici donc en quoi consiste la punition des impies. « Ils disparaîtront comme de la cire qui se fond5 ». Je vous l’ai déjà dit : la cause d’un pareil effet se trouve être dans leurs passions. La concupiscence coupable est comme un feu; c’est une flamme ardente. Le feu réduit en cendres un vêtement, et une âme, dévorée par l’ardeur d’une passion adultère, demeurerait intacte? La sainte Ecriture nous parle du dessein de commettre l’adultère, et nous dit: « Où est l’homme capable de porter du feu dans le pan de sa robe, sans qu’elle en soit brûlée? » Place des charbons ardents sur le pan de ta robe, elle sera bientôt percée; et quand tu auras mis dans ton coeur le désir de l’adultère, il n’en sera pas atteint?