12.
« N’ayez de compassion pour aucun de ceux qui commettent le péché ». Ces paroles sont terribles : qui est-ce qui n’en serait pas épouvanté? Qui est-ce qui ne tremblerait pas en faisant un retour sur lui-même? Et si pure, si délicate que soit notre conscience, n’a-t-elle pas encore quelque faute à se reprocher? Quiconque, en effet, commet le péché, se rend coupable d’iniquité1 ». « Seigneur, si vous teniez compte de toutes mes iniquités, qui est-ce qui pourrait soutenir la rigueur de votre jugement, ô mon Dieu2? » Et pourtant la parole du Prophète est vraie; elle n’a pas été prononcée en vain : il faut qu’elle ait, et elle aura, dans une certaine mesure, son accomplissement: « N’ayez de compassion pour aucun de ceux qui commettent l’iniquité ». Et pourtant le Seigneur a eu pitié de Paul; et cependant, quand celui-ci portait encore le nom de Saul, il commettait l’iniquité: quel bien a-t-il donc fait pour mériter le pardon de Dieu? Ne traînait-il pas à la mort les saints du Très-Haut? Ne portait-il pas de tous côtés des lettres écrites par les princes des prêtres, afin de conduire au supplice, partout où il en rencontrerait, les disciples du Christ? N’est-ce pas au moment où il agissait ainsi, où tous ses efforts tendaient à un pareil but, où il ne respirait, selon le langage de l’Ecriture, que le meurtre elle carnage, n’est-ce pas à ce moment-là même qu’une voix éclatante l’a appelé du haut du ciel; qu’il a été jeté à terre et s’est relevé ensuite; qu’il a été aveuglé pour se voir bientôt environné de lumière; qu’il a été frappé de mort pour revenir promptement à la vie; qu’il a été perdu et retrouvé ensuite3? Avait-il mérité de telles faveurs? Comment les avait-il méritées? Gardons le silence, laissons-le répondre à notre place, écoutons-le. « Auparavant », dit-il, « j’ai été un blasphémateur, un persécuteur, un injurieux; mais j’ai obtenu miséricorde4». Quoi qu’il en soit, voici une parole dont ou ne peut douter: « N’ayez de compassion pour aucun de ceux qui commettent l’iniquité ». On peut l’expliquer de deux manières: en ce sens, d’abord, que Dieu ne laisse impuni aucun péché; en ce sens, ensuite, qu’il y a certaines fautes dont on n’obtient jamais le pardon de la part de Dieu, quand on s’en est rendu coupable. Nous allons, autant du moins que besoin sera, entretenir brièvement votre charité de cette double interprétation des paroles du Prophète.