18.
« Je vous garderai toute ma force1». Tous ces forts sont tombés, parce qu’ils ne vous ont pas gardé toute leur force : c’est-à-dire, ceux qui se sont élevés haut pour me combattre, et qui se sont jetés sur moi, ont mis leur confiance en eux-mêmes; pour moi, « je vous garderai toute ma force » ; car, en m’éloignant de vous, je tombe; et je deviens plus fort en m’en approchant. Voyez, mes frères, ce qu’il en est de l’âme humaine: d’elle-même elle n’a ni lumières, ni forces ce qui fait toute sa beauté, c’est la vertu et la sagesse; or, ni la sagesse, ni la force, ni la lumière, ni la vertu ne se trouvent en elle : elle les puise à une autre source. Il est une source et un principe de vertu, une racine de sagesse ; pour le dire en un mot, si toutefois il m’est permis de parler ainsi, il est un pays où habite l’immuable vérité : que notre âme s’en éloigne, elle tombe dans les ténèbres; qu’elle s’en approche, elle est environnée de lumière. « Approchez-vous de Dieu, et vous serez éclairés2 », puisqu’en vous en éloignant, vous vous plongez dans les ténèbres ; « Je vous garderai donc toute ma force », je ne m’éloignerai pas de vous,je ne mettrai pas ma confiance en moi. « Je vous garderai toute ma force, car, Seigneur, vous m’avez pris sous votre garde ». Où étais-je alors? Où suis-je maintenant? D’où venais-je lorsque vous m’avez reçu ? Quels péchés m’avez vous pardonnés ? A quel état de bassesse j’étais réduit ! A quel degré d’élévation je suis parvenu ! J’en garderai le souvenir, c’est pour moi un devoir de ne pas oublier ce que dit un autre psaume : « Mon père et ma mère m’ont abandonné, mais le Seigneur m’a pris en sa garde3. Je vous garderai ma force, ô mon Dieu, car vous m’avez pris sous votre garde».