• Accueil
  • Œuvres
  • Introduction Instructions Collaboration Sponsors / Collaborateurs Copyrights Contact Mentions légales
Bibliothek der Kirchenväter
Recherche
DE EN FR
Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME LIX.

2.

Vous savez le sens de ces paroles: « Pour la fin ». Car « la fin de la loi, c’est le Christ1 ». Vous n’ignorez pas non plus quels sont ceux qui sont changés. Il est impossible d’en douter: ce sont ceux qui passent de la vieille vie à la vie nouvelle : loin de nous, en effet, la pensée de prendre ce changement en mauvaise part. Adam a subi un changement, ç’a été de passer de l’état d’innocence à l’état de péché, du sein du bonheur à un abîme de tourments. Au lieu de lui ressembler, ceux dont il est ici question deviennent tels qu’on peut leur appliquer aussi ces paroles de l’Apôtre : « Autrefois, vous avez été ténèbres, mais maintenant, vous êtes lumière dans le Seigneur2 ». Ces hommes sont changés pour l’inscription du titre. Vous connaissez la teneur de ce titre il a été attaché à la croix du Sauveur, et il était conçu en ces termes : « Voici le roi des Juifs3». Tous ceux qui passent du royaume du démon au royaume du Christ, sont changés pour l’inscription de ce titre : un changement de cette nature leur est très-utile, et il s’opère en eux, suivant le texte sacré, « pour l’instruction ». Car après ces mots : « A ceux qui seront changés pour l’inscription du titre », nous lisons ces autres : « A David, pour l’instruction »; c’est-à-dire, ils sont changés, non pour eux-mêmes, mais pour David, ils le sont pour l’instruction. Jésus-Christ n’est pas roi pour régner en ce siècle, car il l’a publiquement déclaré : « Mon royaume », a-t-il dit, « n’est pas de ce monde4». Passons donc à ces instructions, si nous voulons être changés pour l’inscription du titre, non pas pour nous, muais pour David : de la sorte, ceux qui vivent ne vivront plus pour eux-mêmes, ils vivront pour celui qui est mort et ressuscité en leur faveur5. Toutefois, comment le Christ aurait-il opéré notre changement, s’il n’avait réalisé ces paroles : « Je « suis venu jeter le feu dans le monde6? » Si donc il est venu jeter le feu dans le monde, ç’a été pour le bien et l’utilité de l’homme mais, remarquez-le, il n’est pas venu jeter le monde dans le feu. Comment est-il venu jeter « le feu dans le monde? » Puisqu’il est venu dans ce but, cherchons à connaître cette Mésopotamie de Syrie, et cette Syrie de Sobal, qu’il a incendiées. La langue hébraïque ayant servi à la première rédaction des psaumes, consultons l’hébreu pour savoir le sens de ces différents noms. Au dire des interprètes, Mésopotamie signifie une vocation élevée. Déjà, le monde tout entier a été élevé par sa vocation. Syrie veut dire sublime, mais cette Syrie, qui était si haute, a été livrée au feu et réduite en cendres : puisse-t-elle se relever de son humiliation, comme elle a été d’abord précipitée, du haut de sa grandeur, dans l’abîme de la faiblesse et du mépris public! Vaine vieillerie, voilà le sens du mot Sobal. Grâces soient rendues au Christ de ce qu’il l’a brûlée ! Lorsqu’on brûle de vieilles broussailles, de nouveaux bourgeons croissent à leur place; et quand le feu a passé quelque part et qu’il a détruit les vieilles herbes sèches, on y voit pousser de nouvelles herbes, et plus vigoureuses, et plus abondantes, et plus vertes. Le feu apporté par le Christ dans le monde n’est pas à craindre, il ne consume que l’herbe sèche : or, toute chair n’est que de l’herbe desséchée, et l’éclat de l’homme ressemble à l’éclat de la fleur du foin7. Le Christ met donc le feu à ces vanités, « et il convertit Joab ». Par Joab, il faut entendre l’ennemi. L’ennemi a donc été converti. Interprète ce mot comme tu voudras, si cet ennemi s’est retourné pour prendre la fuite, c’est le démon ; s’il s’est converti pour embrasser la foi, c’est le chrétien. De quel endroit le démon a-t-il pu s’enfuir? Du coeur du chrétien ; car, dit le Sauveur, « le prince de ce monde a été chassé dehors8». Mais pour le chrétien, qui s’est converti au Seigneur, comment peut-on dire qu’il est un ennemi converti? Parce que, d’ennemi de Dieu, il est devenu son disciple fidèle. « Il a frappé Edom ». Edom veut dire terrestre. Il a fallu que l’homme terrestre fût frappé : ne devait-il pas, en effet, mourir, puisqu’il devait faire place à l’homme céleste? En nous la vie terrestre a été anéantie; puisse la vie céleste lui succéder ! Puisque nous avons porté l’image de l’homme terrestre, nous devons de même porter l’image de l’homme céleste9. Vois de quelle manière l’homme terrestre est frappé de mort. Faites mourir vos membres qui sont sur la terre10. Lorsque David eut frappé Edom, « il tua encore douze mille hommes dans la vallée des Salines ». Douze mille est un nombre parfait, et à ce nombre parfait correspond celui des douze apôtres : et ce n’est pas sans raison, car la parole de Dieu devait être prêchée par tout le monde. Or, la parole de Dieu, qui est le Christ, se trouve dans les nuées, c’est-à-dire dans les prédicateurs de la vérité. Pour le monde, il est partagé en quatre parties, que tous connaissent, et qui sont très-souvent indiquées dans l’Ecriture sous le nom des quatre vents11: ce sont l’Orient, l’Occident, l’Aquilon et le Midi. Le Seigneur a fait entendre sa parole dans ces quatre directions, pour appeler à lui tous les hommes au nom des trois personnes de la sainte Trinité. Trois fois quatre font douze. C’est donc à juste titre que l’on dit que douze mille hommes terrestres ont été frappés de mort, puisque le monde entier l’a été, et que l’Eglise, sortie du tombeau de la vie terrestre, a été formée de membres venus de toutes les parties du monde. Pourquoi est-il dit que le massacre des douze mille hommes a eu lieu « dans la vallée des Salines ? » Par vallée, on entend l’humilité; et par Salines, ce qui donne de la saveur. Il en est beaucoup qui subissent des humiliations, mais inutilement et sans profit; ils ne sont humiliés que dans leur vaine vieillesse. Les uns sont affligés par une perte d’argent, les autres par la privation d’un fragile honneur, d’autres encore par le retranchement des aises de la vie; dès lors qu’ils souffrent, ils subissent une sorte d’humiliation; mais pourquoi ne pas la souffrir pour Dieu, pour le Christ, afin d’avoir la saveur du sel? Ne sais-tu pas que le Sauveur t’a dit: « Vous êtes le sel de la terre; si le sel devient fade et insipide, il n’est plus bon à rien qu’à être jeté dehors12? » Il est donc bon d’être sage. ment humilié. Ne voyez-vous pas les hérétiques plongés dans l’humiliation? Condamnés déjà par les lois divines, à l’empire desquelles ils ne peuvent se soustraire, ne le sont-ils pas encore par les lois humaines publiées contre eux? Oui, ils sont humiliés, puisqu’ils sont mis en fuite et qu’ils souffrent persécution; mais c’est d’une manière insipide; c’est pour des choses fadès et vaines, car leur sel s’est affadi et il a été jeté dehors, parce qu’il n’était plus bon à rien qu’à être foulé aux pieds par les hommes.

Nous avons expliqué le titre du psaume: passons maintenant au psaume lui-même.


  1. Rom. X, 4. ↩

  2. Eph. V, 8.  ↩

  3. Matt. XXVII, 37. ↩

  4. Jean, XVIII, 38.  ↩

  5. II Cor. V, 15.  ↩

  6. Luc, XII, 49. ↩

  7. Isa. XL, 6. ↩

  8. Jean, XII, 31  ↩

  9. Cor. XV,49.  ↩

  10. Col. III, 5.  ↩

  11. Ezéch. XXXVII, 9. ↩

  12. Matt. V, 13. ↩

pattern
  Imprimer   Rapporter une erreur
  • Afficher le texte
  • Référence bibliographique
  • Scans de cette version
Traductions de cette œuvre
Discours sur les Psaumes

Table des matières

Faculté de théologie, Patristique et histoire de l'Église ancienne
Miséricorde, Av. Europe 20, CH 1700 Fribourg

© 2025 Gregor Emmenegger
Mentions légales
Politique de confidentialité