1.
La grâce de Dieu, qui répand sur nous ses délices afin de féconder notre terre1, nous fait trouver dans l’étude et l’intelligence de la parole sainte un plaisir si suave, que nous nous sentons pressés, nous, de vous l’expliquer, et vous, de l’entendre. Je le remarque avec bonheur et je m’en réjouis; vous n’éprouvez aucun ennui à nous écouter: vous apportez même ànos discours un goût intérieur très-prononcé, et, sous son influence, loin de repousser cette salutaire nourriture de vos âmes, vous la recevez avidement, et vous en faites votre profit. Aussi vous entretiendrons-nous encore aujourd’hui, pour vous expliquer, autant que le Seigneur nous le permettra, le psaume que nous venons de chanter. Voici son titre:
« Pour la fin, pour Idithun, psaume à David ».
Je me souviens de vous avoir déjà indiqué le sens du mot Idithun. Si j’entre bien dans la pensée de l’auteur, et si je rends bien toute la force de l’expression hébraïque, je le traduirai dans notre langue par ces autres mots: Homme qui les dépasse. Celui dont les paroles vont nous occuper, en dépasse donc d’autres; puis, du lieu élevé où il est parvenu, il jette sur eux un regard de dédain. Voyons donc jusqu’où il s’est avancé: cherchons à connaître ceux qu’il a dépassés, et l’endroit où il s’est arrêté encore, quoiqu’il en ait dépassé plusieurs: cherchons à connaître cette demeure invisible, où il trouve sa sécurité, cet abri tranquille du haut duquel il contemple le spectacle qui s’étend à ses pieds, cette maison spirituelle en dehors de laquelle il se penche, non pour s’exposer à une chute dangereuse, mais pour appeler à lui les hommes indolents qu’il a devancés, et leur dépeindre les délices de sa retraite. Il a marché plus vite qu’eux; il s’est élevé au-dessus d’eux: quelqu’un néanmoins est encore plus élevé que lui; aussi veut-il d’abord nous faire entendre sous l’égide de qui il se trouve, et nous persuader que s’il en a dépassé d’autres, c’est la preuve de la rapidité de sa marche, mais non un sujet d’orgueil pour lui.
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Ps. LXXXIV, 13. ↩