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Qu’il nous rapporte donc enfin ces deux choses, car il nous importe singulièrement de les connaître. « La puissance est à Dieu : Seigneur, la miséricorde vous appartient». La puissance et la miséricorde, sont-ce bien là les deux choses dont il a. entendu parler? Oui, sans doute: comprenez donc bien ce que c’est que la puissance et la miséricorde de Dieu; Toutes les Ecritures se rapportent, à vrai dire, à ces deux points. Telles sont les causes de la mission des Prophètes, de la vocation des patriarches, de la promulgation de la loi, de l’Incarnation même de Notre-Seigneur Jésus-Christ, du ministère des Apôtres, de la prédication et de la glorification de la parole de Dieu dans l’Eglise: oui, en voilà les deux causes: la puissance et la miséricorde divines. Craignez sa puissance , aimez sa miséricorde. N’ayez pas en sa miséricorde une confiance telle que vous méprisiez sa puissance: ne redoutez pas, non plus, sa puissance, au point de perdre toute confiance en sa miséricorde. L’une et l’autre se trouvent en lui à un égal degré. Il humilie celui-ci, il élève celui-là; par sa puissance il abaisse l’un, il élève l’autre par sa miséricorde1. « Dieu voulant manifester sa juste colère et faire voir sa puissance, souffre, avec une patience infinie, les vases de colère destinés à la perdition ». Voilà pour sa puissance; voici pour sa miséricorde : « Afin de faire connaître les richesses de sa bonté envers les vases de miséricorde qu’il a préparés pour la gloire». C’est donc le propre de sa puissance de condamner les pécheurs. Et personne n’osera lui dire: Qu’avez-vous fait? « Car, ô homme, qui es-tu pour te permettre d’accuser Dieu2? » Que sa puissance t’inspire donc la crainte, et te fasse trembler; mais que sa miséricorde anime ta confiance. Le démon, lui aussi, est une puissance; mais le plus souvent, quand il veut faire du mal, il est réduit à l’impuissance, parce qu’il dépend d’un pouvoir supérieur. De fait, si le démon pouvait faire autant de niai qu’il le désire, tous les justes disparaîtraient; il ne laisserait pas un fidèle en ce monde. Par l’intermédiaire des vases de perdition, il se précipite sur eux comme sur un mur qui penche; toutefois il ne l’ébranle qu’autant que Dieu le lui permet: le Seigneur lui-même soutiendra ce mur, afin qu’il ne croule pas; car, en donnant au démon le pouvoir de tenter l’homme, il accorde à celui-ci son bienveillant secours. Le pouvoir d’éprouver les justes n’appartient donc à Satan que dans une certaine mesure. « Vous nous ferez boire avec mesure les larmes qui couleront de nos yeux », dit le Prophète3. Parce que Satan a reçu l’autorisation de te maltraiter, n’en conçois aucune appréhension, car tu as un Sauveur rempli de bonté pour toi. Si donc il te tente, c’est pour ton bien c’est pour t’exercer , t’éprouver et t’aider à te connaître toi-même. D’où peut, en effet, nous venir la tranquillité, sinon de la puissance et de la miséricorde divines? Où pouvons-nous trouver la sécurité, sinon à cette source féconde? Car l’Apôtre a dit: « Dieu est fidèle , et il ne permet pas que vous soyez tentés au-dessus de vos forces4 ».