7.
« Bienheureux celui que vous avez élu et adopté1». Qui donc est choisi par lui et adopté? Qui est élu par notre Sauveur Jésus-Christ? Ou bien lui-même en sa chair, en son humanité serait-il élu et adopté? Alors ce langage s’adresserait à lui, comme Verbe de Dieu, qui était dès le commencement, ainsi que le dit l’Evangéliste: « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu2 » ; car il est aussi Fils de Dieu, Verbe de Dieu, dont il est dit encore: « Toutes choses ont été faites par lui, et rien n’a été fait sans lui » : en sorte que ce serait à lui, Fils de Dieu devenu prêtre pour nous, après avoir adopté une chair, que s’adresserait cette parole : « Bienheureux celui que vous avez élu et adopté », c’est-à-dire bienheureux l’homme dont vous vous êtes revêtu, qui a commencé dans le temps, qui est né d’une femme, le temple en quelque sorte de celui qui est toujours éternel, et qui a été éternellement. Ou plutôt le Christ aurait-il adopté quelque bienheureux, et alors on désignerait, non pas au pluriel, mais au singulier celui qu’il a adopté? En effet, c’est un seul qu’il a adopté, car il n’adopte que l’unité. Il n’adopte ni les schismes, ni les hérésies, qui se divisent à l’infini; il n’y a point la l’unité que l’on puisse adopter. Mais ceux qui demeurent dans l’union du Christ, et qui sont ses membres, ne font en quelque sorte qu’un seul homme, dont l’Apôtre a dit: « Jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité dans la connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’homme parfait, à la mesure de l’âge de la plénitude du Christ3 ». Un seul homme est donc adopté, qui a pour chef le Christ: « Car le Christ est lui-même le chef de l’homme4». C’est encore là « cet homme bienheureux qui n’est point allé dans les conseils des impies5 », et le reste qu’on lit dans le Psaume: c’est lui qui est adopté. Mais il ne l’est pas à l’exclusion de nous; car nous faisons partie de ses membres, nous sommes gouvernés par un même chef, nous vivons dans un même esprit, nous désirons tous la même patrie. Voyons donc si ce qui est dit du Christ, l’est aussi de nous, et nous concerne; interrogeons nos consciences, et pénétrons cet amour; si ce-t amour est faible et nouvellement éclos, car il a bien pu éclore dans quelque coeur, que celui-là arrache les épines qui croissent auprès, c’est-à-dire, les soucis du monde, de peur qu’ils ne viennent à s’accroître et à étouffer le germe sacré. « Bienheureux celui que vous avez élu et adopté». Soyons en lui et nous serons adoptés à notre tour; soyons en lui et nous serons élus.