7.
Et parce que cet aveu ne nous conduit pas au supplice, le Prophète continue : « Que les nations tressaillent et soient dans l’allégresse ! » Si l’aveu devant un homme arrache des pleurs aux fripons, que l’aveu devant Dieu donne la joie aux fidèles. Au tribunal d’un homme, on force un voleur à l’aveu par la crainte et la torture : souvent même la crainte étouffe cet aveu qu’arracherait la douleur : et tel qui gémit dans les tourments, mais qui craint la mort après son aveu, supporte la torture autant qu’il est possible; mais s’il est vaincu par la douleur, son aveu fait son arrêt de mort. Pour lui donc il n’y a nulle joie, nulle allégresse; avant l’aveu, il est déchiré par les ongles de fer, après l’aveu, il est condamné, livré au bourreau; partout il est malheureux. Mais « que les nations tressaillent et soient dans l’allégresse ! » Quelle en sera la cause ? la confession. Pourquoi ? Parce que c’est au Dieu de bonté qu’elles font des aveux; s’il exige la confession, c’est pour délivrer les humbles; s’il damne celui qui refuse l’aveu, c’est pour châtier son orgueil. Sois donc dans la tristesse avant l’aveu, et après l’aveu dans la joie, car tu seras guéri. Le pus s’était amassé dans ta conscience, l’abcès était formé, la douleur ne te laissait aucun repos: le médecin applique le lénitif des paroles, souvent il tranche, il attaque l’endroit douloureux avec le fer de la chirurgie; reconnais alors la mains du médecin; fais un aveu, et que cet aveu fasse écouler tout le pus de la plaie; tressaille ensuite et sois dans la joie; le reste sera bientôt guéri. « Que les peuples vous confessent, ô mon Dieu, que tous les peuples « vous bénissent ! » Et à cause de leur confession, « que les nations soient dans la joie et dans l’allégresse, parce que vous jugez les peuples dans l’équité ». Nul ne saurait vous tromper; qu’il se réjouisse d’être jugé, celui qui a craint son juge. Dans sa prévoyance, il a prévenu sa face par l’aveu1; et quand ce juge viendra, il jugera les peuples dans l’équité. De quoi servira la ruse de l’accusateur dès que la conscience est témoin, alors que tu seras là en présence de ta cause, et que le juge ne requiert aucun témoin? Il t’a envoyé un avocat: à cause de lui et par lui fais ion aveu; prends en main ta cause, il est un défenseur pour le pénitent, un intercesseur pour celui qui avoue, et pour l’innocent un juge. Peux-tu craindre avec raison, quand c’est ton avocat qui est ton juge? « Que les nations donc soient dans la joie, qu’elles tressaillent, parce que vous jugez les peuples avec justice ». Mais ils pourront redouter d’être mal jugés; qu’ils se laissent redresser et diriger par celui qui voit ce qu’ils ont à juger. Qu’ils soient redressés ici-bas, et qu’ils ne craignent plus le jugement. Voyez ce qui est dit dans un autre Psaume: « Sauvez-moi, Seigneur, par votre nom, et jugez-moi dans votre puissance2». Que dit-il ? Si vous ne me sauvez pas d’abord en votre nom, j’ai tout à craindre quand vous me jugerez dans votre puissance; mais si votre nom est pour moi un nom de salut, comment craindre celui qui me jugera dans sa puissance et dont le nom m’a d’abord sauvé ? Ainsi encore dans cet endroit: « Que tous les peuples vous confessent! » Et de peur que vous n’en veniez à redouter cette confession, « que les nations », dit-il, « soient dans la joie et dans l’allégresse ! » Pourquoi « cette joie et cette allégresse? Parce que vous jugez les peuples dans l’équité ». Nul contre nous ne vous fait des présents, nul ne peut vous corrompre, nul vous tromper. Sois donc en sûreté, ô mon frère. Mais qu’as-tu pour ta défense ? Nul ne peut corrompre Dieu, c’est évident. Mais n’a-t-il pas d’autant plus à craindre qu’il est plus corruptible? Quelle est donc la garantie de sûreté ? Cette parole déjà émise : « O Dieu, sauvez-moi par votre nom, et jugez-moi dans votre puissance ». De même ici encore: « Que les nations soient dans la joie et dans l’allégresse, parce que vous jugez les peuples dans l’équité ». Et pour ôter la crainte aux pécheurs, il ajoute : « Et vous dirigez les nations sur cette terre ». Les nations étaient dépravées, elles étaient dans la voie de perdition, elles étaient corrompues; leur dépravation, leur perdition, leur corruption leur faisait redouter l’avènement du souverain Juge : sa main s’est montrée, elle s’est étendue miséricordieuse sue les peuples, ils sont dirigés dans la voie droite; comment craindre pour juge celui qu’elles ont vu les redresser? Qu’elles s’abandonnent à sa main miséricordieuse, puisqu’il dirige les nations sur la terre. Sous sa direction, les peuples ont marché dans la foi, ont tressailli en lui, ont fait de bonnes oeuvres; et si dans leur navigation sur la mer, l’eau entre parfois par les moindres fissures, si par quelque fente elle arrive dans la sentine, en l’épuisant chaque jour au moyen des bonnes oeuvres, de peur qu’elle n’entre davantage, et qu’arrivant au comble elle ne fasse sombrer le navire, en l’épuisant chaque jour par la prière, le jeûne, l’aumône, et surtout en disant avec un coeur pur : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés3»; en parlant ainsi, marche en toute sûreté, tressaille dans ton chemin, chante sur ta route. Ne crains point ton juge; il a été ton Sauveur avant que tu fusses fidèle. Tu étais impie, quand il t’a cherché pour te racheter: t’abandonnera-t-il pour te perdre, maintenant que tu es racheté, « lui qui dirige les peuples en cette terre? »