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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME LXVII.

15.

Quel est donc celui qui « donnera le Verbe à ceux qui prêcheront l’Evangile avec une grande force ? C’est, dit le Prophète, le roi des vertus du Bien-Aimé1». Le Père est donc le roi des vertus du Fils. Car, le bien-aimé, à moins que l’on ne précise quel est ce bien-aimé, s’entend par antonomase du Fils unique de Dieu. Le Fils est-il le roi des vertus, c’est-à-dire des vertus qui lui obéissent? Car « il doit donner la parole à ceux qui évangéliseront avec une grande force, celui qui est roi des vertus», et dont il est dit: « Le Seigneur des vertus est lui-même le roi de gloire2». Qu’il n’ait point dit: Le roi de ses vertus, mais simplement : « Le roi des vertus du bien-aimé », c’est une manière de parler très-fréquente dans les Ecritures, pour peu qu’on y fasse attention: c’est ce qui arrive surtout quand le nom propre est exprimé, afin que l’on ne puisse douter que c’est bien du même personnage qu’il est question. Voilà ce que l’on trouve assez fréquemment dans le Pentateuque: « Et Moïse fit » tel et tel objet «comme le Seigneur l’avait commandé à Moïse3 » en langage ordinaire on aurait dit : Moïse fit ce que lui commanda le Seigneur; le texte sacré porte, au contraire: « Moïse fit ce que le Seigneur commanda à Moïse », comme si Moïse, à qui Dieu avait commandé, n’était pas Moïse qui exécuta, quoique ce fût bien le même cependant. Ces locutions se rencontrent bien difficilement dans le Nouveau-Testament, et toutefois l’Apôtre s’en servait quand il disait:

« A propos de son Fils qui lui est né de la race de David selon la chair, qui a été prédestiné Fils de Dieu en puissance, selon l’Esprit de sainteté, par la résurrection d’entre les morts, de Jésus-Christ Notre-Seigneur4 » ; comme si autre était le Fils de Dieu qui est né de la race de David selon la chair, et autre Jésus notre Seigneur, tandis que c’est bien le même. Dans les anciens livres on rencontre fréquemment cette locution: et c’est pourquoi, quand elle amène tant soit peu d’obscurité, on doit recourir aux exemples du même genre qui portent leur évidence en eux-mêmes ; ainsi elle est quelque peu obscure dans le passage du Psaume que nous exposons. Si l’on disait, en effet, Jésus-Christ roi des puissances de Jésus-Christ, le passage serait aussi clair que celui-ci: « Moïse accomplit ce que Dieu avait commandé à Moïse » ; mais comme il est dit : « Roi des vertus du bien-aimé », il ne vient pas facilement à l’esprit que celui qui est le bien-aimé soit aussi le Roi des vertus. Cette expression donc: « Roi des puissances du bien-aimé», peut s’entendre comme s’il était dit, roide ses vertus, puisque le roi des vertus est le Christ, et que le bien-aimé est aussi le même Christ. Ce sens toutefois n’est pas si rigoureux, qu’on n’en puisse donner un autre: car on peut entendre que le Père est le roi des vertus de son Fils bien-aimé, et ce même bien-aimé lui dit : « Tout ce qui est à moi est à vous, et tout ce qui est à vous est à moi5». Mais vient-on à me demander si Dieu le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ peut être aussi appelé roi, je ne sache pas qu’il y ait un homme pour oser le dépouiller de ce titre, quand l’Apôtre a dit: « Au roi des siècles, au Dieu immortel, invisible, unique6 ». Et si l’on veut appliquer cette parole à la Trinité, nous y trouvons encore Dieu le Père. Mais à moins d’entendre d’une manière charnelle, cette expression: «O Dieu! donnez votre jugement au roi, et votre justice au fils du roi7 » ; je ne sais si l’on peut y voir autre chose que « à votre Fils ». Donc le Père est aussi roi. De là vient que « le roi des puissances du bien-aimé », peut s’entendre de deux manières. Aussi, après avoir dit : « Le Seigneur donnera son Verbe à ceux qui évangéliseront avec une grande puissance » : comme la puissance vient de celui qui gouverne, et doit servir les desseins de celui qui la donne, le Prophète ajoute: « Le Seigneur qui donnera le Verbe à ceux qui évangéliseront avec une grande puissance, est le roi des puissances du bien-aimé».


  1. Ps. LXVII, 13.  ↩

  2. Id. XXIII, 10.  ↩

  3. Nombre, XVII, 11, selon les Septante.  ↩

  4. Rom. I, 3, 4. ↩

  5. Jean, XVII, 10.  ↩

  6. I Tim. I, 17.  ↩

  7. Ps. LXXI, 2.  ↩

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