8.
«Vous êtes mon secours, mon Sauveur, ô mon Dieu; ne tardez point ». Vous êtes mon aide, mon libérateur : j’ai besoin de secours, aidez-moi; je suis dans l’embarras, délivrez-moi. Nul autre que vous ne peut me tirer de cet embarras. Nous sommes enlacés dans les noeuds de soins divers ; de part et d’autre nous sommes déchirés comme par des aiguillons et des épines, nous marchons dans l’étroit sentier; nous sommes arrêtés par les buissons: disons alors à Dieu: « C’est vous mon libérateur ». Celui qui nous a montré la voie étroite1, me l’a fait suivre. Que cette parole, mes frères, soit toujours la nôtre. Si longtemps que nous ayons vécu ainsi, quels que soient nos progrès, que nul ne dise : Il me suffit, me voilà juste. C’est le langage de celui qui est resté en chemin, et qui ne sait point arriver. Il s’arrête à l’endroit où il dit : cela suffit. Ecoute l’Apôtre, à qui rien ne suffit ; vois comment il veut du secours jusqu’à ce qu’il arrive : « Mes frères », dit-il, «je ne pense pas avoir encore atteint mon but2». De peur qu’ils ne se croient arrivés, il leur dit encore : « Celui qui se flatte de savoir quelque chose ne sait pas même encore comment il faut le savoir3». Que dit-il donc? « Mes frères, je ne pense pas avoir atteint mon but ». Il avait dit d’abord : « Non que j’aie déjà recueilli, ou que je sois parfait » ; et il continue : « Mes frères, je ne pense pas avoir atteint mon but ». S’il n’a rien recueilli, il est pauvre et indigent; s’il n’est pas encore parfait, il est pauvre et indigent. Il a raison de dire : « Seigneur, aidez-moi ». Mais il a une pensée, et une pensée plus élevée. Voyons toutefois ce qu’il dit : « Que celui qui a la puissance de faire infiniment plus que tout ce que nous demandons et tout ce que nous pensons4». Voyez qu’il n’est point arrivé, qu’il n’a pas atteint son but. Que dit-il donc? «Mes frères, je ne pense pas avoir atteint mon but; je sais uniquement que j’oublie ce qui est derrière moi, et pour m’avancer vers ce qui est devant moi, je m’efforce d’atteindre le prix auquel Dieu m’a appelé d’en haut5». Il court donc, et toi tu t’arrêtes. Il dit qu’il n’est point encore parfait, et tu te glorifies de ta perfection ! Honte à ceux qui te disent: « Courage ! courage ! » Honte à toi entre tous, puisque en toi-même tu te dis : « Courage ! courage! » Car se louer, c’est se dire : « Allons ! courage ! » Quiconque s’entend louer par les autres et accueille ces louanges, ne porte point son huile avec soi : son flambeau s’éteint, l’Epoux lui fermera la porte6.
