11.
« Ne me rejetez pas au temps de ma vieillesse1. Vous qui êtes l’espérance de mes jeunes années, ne me rejetez pas au temps de ma vieillesse ». Quel est ce temps de la vieillesse? « Au déclin de ma force, ne m’abandonnez pas». Le Seigneur te répond au contraire : Que ta force s’affaiblisse, afin que la mienne demeure en toi, et que tu puisses dire avec l’Apôtre : « Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort2 ». Ne crains point d’être abandonné dans cette impuissance, dans cette vieillesse. Quoi donc ! ton Dieu n’a-t-il pas été infirme sur la croix? Ses ennemis ne le regardaient-ils point comme un homme sans force, comme un captif, un opprimé? N’ont-ils pas branlé la tête, comme des taureaux pleins de force et de puissance, en lui disant: « S’il est fils de Dieu, qu’il descende de la croix3? » Cette faiblesse lui valut-elle d’être abandonné, quand il aima mieux ne pas descendre de la croix, afin que l’on ne pût voir en cela une concession aux insolences, plutôt qu’une manifestation de sa force? Que t’apprend-il, en demeurant à la croix, sans vouloir en descendre, sinon à supporter les insultes, sinon à demeurer fort dans ton Dieu? C’est peut-être de lui qu’il est dit: « Je suis pour beaucoup un prodige, et vous êtes mon ferme appui? » Appui dans son infirmité, mais non dans sa force; en ce sens qu’il nous a personnifiés en lui-même, et non qu’il est descendu. Je suis devenu un prodige pour beaucoup. Ce serait là sa vieillesse, puisque le vieil homme désigne bien une vieillesse, et l’Apôtre a dit : « Notre vieil homme a été crucifié avec Lui4 ». Si notre vieil homme était en lui, il y avait donc une vieillesse; car la vieillesse vient de vieux. Et pourtant, comme cette parole est vraie : « Ta jeunesse se renouvellera comme celle de l’aigle5 » ; il est ressuscité le troisième jour et nous a promis la résurrection pour la fin des siècles. Le chef a précédé, les membres doivent suivre. Pourquoi craindre qu’il ne t’abandonne, qu’il ne te méprise au temps de la vieillesse, au déclin de tes forces? C’est, au contraire, au déclin de ta propre force que la sienne se fera sentir en toi.