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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME LXX.
DEUXIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME LXX.

7.

Voilà ce qu’a fait le diable: il a voulu imiter Dieu, mais d’une manière criminelle. Loin d’être soumis à la puissance divine, il a voulu une puissance à l’encontre de Dieu même. Quant à l’homme, il entendit le Seigneur Dieu qui lui intimait ce précepte « Ne touchez point1». A quoi? A cet arbre. Et qu’était-ce que cet arbre? S’il est bon pourquoi n’y pas toucher? S’il est mauvais, que fait-il dans le paradis? C’est au contraire parce qu’il est un bon arbre qu’il est dans le paradis : mais je te défends d’y toucher. Pourquoi n’y pas toucher? Parce que je veux ton obéissance et non tes contradictions. Voilà ton service, ô serviteur; mais ne sers point d’une manière perverse. Serviteur, écoute avant tout l’ordre du Maître, et tu comprendras le sens du précepte. Cet arbre est bon, et je te défends d’y toucher. Pourquoi? Parce que je suis maître, et toi serviteur. C’est là toute la raison. Te paraît-elle faible, et dédaignerais-tu de me servir? Quel est ton avantage, sinon d’être soumis à ton maître? Or, s’il est avantageux pour toi d’être sous un maître, et d’obéir, que devait-il te commander? Pouvait-il exiger quelque chose de toi? Devait-il te dire: Offre-moi un sacrifice? N’a-t-il pas fait toutes les créatures, et toi-même entre ces créatures? Devait-il te dire: Sois à mon service, ou près de ma couche, quand je prends mon repos, ou à table quand je répare mes forces, ou dans le bain quand je me lave? Eh quoi! parce que Dieu n’avait nul besoin de tes services, ne devait-il rien te commander? Mais s’il fallait t’intimer un ordre, afin de te faire sentir, pour ton avantage, que tu es sous la dépendance d’un maître, il devait faire quelque défense, non pas que l’arbre fût mauvais, mais parce que tu avais besoin d’obéir. Or, le Seigneur ne pouvait te faire mieux sentir l’avantage de l’obéissance, qu’en prohibant pour toi ce qui n’était point mauvais. Il n’y a que l’obéissance qu’on puisse rémunérer, il n’y a que la désobéissance que l’on châtie. L’arbre est bon, mais je te défends d’y toucher. Tu ne mourras point, si tu n’y touches point. Interdire cet arbre, était-ce donc interdire tous les autres? Le jardin n’est-il pas plein d’arbres fruitiers? Te manquerait-il quelque chose? Je t’interdis celui-là, je te défends d’en goûter. Il est bon, mais l’obéissance est meilleure encore. Si tu viens à y toucher, cet arbre deviendra-t-il un poison, qui te fera mourir? Non: mais toucher au fruit défendu est une désobéissance qui t’assujétit à la mort. Aussi cet arbre est-il appelé l’arbre de la science du bien et du mal2, non que ses fruits la pussent donner; mais peu importe la nature de l’arbre, et la nature de ses fruits, il était ainsi appelé parce que l’homme qui ne voudrait point faire le discernement du bien et du mal, d’après le précepte de Dieu, le devait faire par sa propre expérience, et n’enfreindre la défense que pour trouver la mort. Mais d’où vient, mes frères, qu’Adam y toucha? Que lui manquait-il? Oui, dites-le-moi, que lui manquait-il dans le paradis, au milieu de ces richesses, au milieu des délices, alors que ses délices étaient de voir la face de Dieu, cette face qu’il craignait après le péché comme la face d’un ennemi? Que lui manquait-il pour toucher à cet arbre? N’est-ce pas qu’il voulut user de sa puissance, et mit son bonheur à violer une défense, afin de n’être sous aucune domination, et d’être comme Dieu, puisque Dieu n’a aucun maître? Funeste liberté! criminelle présomption ! Le voilà qui mourra parce qu’il s’est éloigné de la justice! Voilà qu’il a violé le précepte, qu’il a secoué de ses épaules le joug de la discipline, et brisé dans sa fureur le frein qui le dirigeait; où est-il maintenant? Le voici captif, et il s’écrie; « Seigneur, qui est semblable à vous? » J’ai voulu follement devenir semblable à vous, et me voilà semblable aux bêtes. Sous votre empire, assujéti à vos lois, j’étais véritablement semblable à vous : mais l’homme était en honneur, et il ne l’a pas compris, il s’est comparé aux animaux sans raison, et leur est devenu semblable Dans cette malheureuse ressemblance avec l’animal, crie donc enfin, et dis au Seigneur : « O Dieu, qui est semblable à vous?3 »


  1. Gen. II, 17. ↩

  2. Gen. II, 7. ↩

  3. Ps. XLVIII, 13. ↩

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