4.
Il y a ici dans les expressions un ordre qui est changé; après avoir dit d’abord : « Dieu, donnez votre jugement au roi,et votre justice au fils du roi », énonçant d’abord le jugement, ensuite la justice, le Prophète au verset suivant met au premier rang la justice, et au second le jugement: « Pour juger votre peuple dans la justice, et vos pauvres selon le jugement » ; et montre ainsi que ce jugement a le sens de justice, et que lieu importe à quel rang vienne cette expression, qui a le même sens. On appelle d’ordinaire partial, un jugement injuste; mais on ne dit guère une justice inique ou injuste; car si elle est fausse, elle sera injuste, et dès lors ne s’appellera plus justice. Dire alors jugement, puis le répéter sans le nom de justice, puis dire justice et lui donner ensuite le nom de jugement, c’est montrer suffisamment qu’il appelle jugement ce que d’ordinaire on appelle justice, c’est-à-dire ce qui ne peut s’entendre d’un faux jugement. Quand le Seigneur nous dit en effet: « Ne jugez point selon l’apparence, mais jugez selon le sens droit1 », il montre qu’un jugement peut être sans droiture; et en disant: « Portez un jugement droit », il défend l’un e1à ordonne l’autre. Mais quand il dit le jugement, sans aucune qualification, il veut que l’on entende la justice. C’est ainsi qu’il a dit: « Vous omettez ce qu’il y a d’important dans la loi, la miséricorde et le jugement2 » ; et que Jérémie a dit aussi : « Il amasse des richesses, mais non avec jugement3 ». Il ne dit pas qu’il amasse des richesses avec un jugement faux ou pervers, ni avec un jugement droit ou injuste; mais bien « non avec jugement », réservant ainsi le nom de jugement à tout ce qui est droit et juste.