11.
« Dans la main du Seigneur est une coupe d’un vin pur et néanmoins mélangé ». Cela est bien injuste. « Il en verse à l’un et à l’autre; et toutefois la lie ne tarit point, tous les pécheurs de la terre en boiront1 ». Renouvelez quelque peu votre attention : il y a ici de l’obscurité; mais, comme il vient de nous être dit dans l’Evangile: « Demandez et l’on vous dominera; cherchez et e vous trouverez; frappez et l’on vous ouvrira2 ». Mais, diras-tu, ou frapper afin que l’on m’ouvre ? « Ni à l’Orient, ni à l’Occident, ni dans les déserts des montagnes, parce que Dieu est juge ». Si donc il est présent ici et là, s’il n’est absent d’aucun lieu, frappe où tu es, sois debout, car on est debout pour frapper. Que signifie donc notre verset ? Voici la première difficulté : « Un vin pur, et néanmoins mélangé ». S’il y a « mélange », comment est-il « pur ? » Du reste, que « cette coupe soit dans la main du Seigneur » , je m’adresse à des fidèles instruits dans l’Eglise du Christ, et qui ne se représentent pas intérieurement l’image de Dieu sous une forme humaine, qui ne se font point d’idoles dans leurs coeurs, maintenant que les temples sont fermés. Ce calice a donc une signification, et nous l‘examinerons. « En la main du Seigneur », ou plutôt en sa puissance, car sa main signifie son pouvoir; comme on dit souvent des hommes : Il l’a sous la main c’est-à-dire, cela est en son pouvoir, il le fait à soin gré. « Cette coupe est donc pleine d’un vin pur et néanmoins trouble ». Le Prophète nous donne ensuite cette explication : « Il verse », dit-il, « à l’un et à l’autre, et la lie ne tarit point». Voilà pourquoi le vin est mélangé. Ne vous étonnez point que le vin soit tout à la fois pur et mélangé ; il est pur à cause de son intégrité, il est trouble à cause de sa lie. Mais qu’est-ce que ce vin, et cette lie ? Pourquoi « verser à l’un et à l’autre », de manière à ne point tarir la lie?