10.
Et qu’as-tu trouvé, ô Prophète? Que e Dieu ne nous repoussera point éternellement1 ». L’ennui l’avait assailli en cette vie; nulle part la confiance, nulle part une sécurité consolante. A quelques hommes qu’il pût s’adresser, il trouvait ou redoutait en eux le scandale. Nulle part il n’est en sûreté. Le silence avait pour inconvénient de se taire au sujet des bienfaits: parler et babiller au dehors était dangereux, car ses ennemis qui avaient devancé toutes ses veilles, cherchaient dans son langage de quoi le calomnier. Eu butte aux angoisses et à la violence, en cette vie il a beaucoup médité sur l’autre vie qui n’aura point ces épreuves. Et quand y arrivera-t-il ? Car nul doute à cet égard, les afflictions de cette vie sont un effet de la colère de Dieu. Voici en effet ce que dit Isaïe : « Mes vengeances contre vous ne seront pas éternelles, et ma colère contre vous ne durera point à jamais ». Il nous en donne la cause. « C’est de moi que viendra l’Esprit, et moi j’ai créé les âmes. Je l’ai affligé à cause de son péché, je l’ai frappé, j’ai détourné de lui ma face, et il s’en est allé, et s’est égaré dans ses voies2 ». Quoi donc ! cette colère de Dieu sera-t-elle éternelle? Voilà ce que le Prophète n’a point trouvé dans son silence, Que dit-il en effet? « Le Seigneur ne nous repoussera point éternellement ; et cela n’entrera plus désormais dans ses desseins»: c’est-à-dire, il n’entrera pas dans ses desseins de nous rejeter, et il ne continuera pas éternellement de nous rejeter loin de lui. Il faut qu’il rappelle à lui ses serviteurs, il faut qu’il recueille tous ces fugitifs qui reviennent au Seigneur, il faut qu’il écoute les plaintes de ceux qui sont enchaînés. « Le Seigneur ne nous rejettera pas éternellement ; et cela n’entrera plus désormais dans ses desseins».