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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME LXXVII.

9.

Continuons : « Les enfants d’Ephrem qui bandent l’arc et lancent la flèche, ont tourné le dos au jour du combat1». En poursuivant la loi de la justice, ils ne sont point parvenus à la loi de la justice2. Pourquoi? Parce qu’ils ne l’ont point recherchée par la foi. C’était en effet une génération dont l’esprit n’avait point cru en Dieu, et ils attendaient tout de leurs oeuvres. Bander l’arc pour tirer des flèches, c’est là une oeuvre extérieure, comme celle de la loi, mais ils n’ont point ainsi redressé leur coeur, où le juste vit de la foi3 qui agit par la charité4; or, c’est par la charité que l’on s’attache à Dieu qui, par sa grâce, opère en l’homme le vouloir et le faire5. Qu’est-ce, en effet, que bander l’arc, lancer la flèche, et tourner le dos au jour du combat, sinon écouter, pro mettre d’accomplir la loi au jour qu’on l’entend proclamer, puis fuir au jour de la tentation, s’exercer à la guerre et lâcher pied à l’heure de la bataille? Le Prophète a dit avec raison : « Ils ont bandé et lancé l’arc »; lorsqu’il aurait dû dire, ce semble, bander l’arc, et lancer les flèches, car on ne jette pas l’arc, on s’en sert pour lancer quelque chose. Ou bien, c’est une locution, comme celle dont nous avons déjà parlé à propos de cette expression: « Il a suscité un témoignage », pour dire, il a suscité quelque chose à propos de ce témoignage; alors « lancer l’arc » signifierait lancer une flèche avec l’arc: ou bien il y a de l’obscurité dans les paroles, il y a un mot qu’il faut sous-entendre, et alors tel serait l’ordre véritable : « Les enfants d’Ephrem bandent l’arc, et lancent», sous-entendu, des flèches; et le sens complet serait, bandent l’arc, et lancent des flèches. S’il y avait en effet: bander et lancer des flèches, il né faudrait pas comprendre, bander des flèches; mais après l’expression « bander », il faudrait sous-entendre « l’arc », bien que cette expression fût omise. Toutefois, quelques exemplaires grecs portent , dit-on , « bander et lancer avec l’arc » ; il faut assurément sous-entendre « des flèches ». Mais par ces enfants d’Ephrem, le Prophète veut indiquer ici toute cette génération corrompue, et la partie désigne la généralité. Peut-être a-t-il choisi cette partie pour désigner le peuple tout entier, parce que c’était d’eux principalement qu’on devait se promettre le plus de bien ; puisqu’ils sont nés de celui que Jacob bénit comme son petit-fils, qu’il toucha de sa droite et qu’il préféra à son aîné par une bénédiction mystérieuse, bien que Joseph l’eût placé à gauche parce qu’il était le plus jeune6. Le reproche que l’on fait ici à cette même tribu, le silence de l’Ecriture sur la manière dont elle répondit à cette bénédiction, nous font comprendre qu’il y avait dans les paroles de Jacob un mystère, plus grand que ne l’attend la prudence de la chair. Elles marquaient en effet que les derniers seraient les premiers, et les premiers les derniers7, lors de l’avènement du Sauveur, dont il est dit : « Celui qui vient après moi, est fait devant moi8 ». Ainsi le juste Abel a été préféré à son frère9, Isaac à Ismaël10, Jacob à Esaü né avec lui, mais le premier11: ainsi Pharès précéda par sa naissance, naquit avant son frère jumeau, qui avait voulu naître d’abord et avait montré la main12 ainsi David fut préféré à ses frères aînés13; ainsi enfin le peuple chrétien fut préféré au peuple Juif, selon le sens de toutes ces figures et de tant d’autres qui furent proposées, non-seulement en actions, mais encore en paroles ; et c’est pour le racheter que le Christ a été mis à mort par les Juifs, comme Abc! par Caïn14. Voilà donc ce que figurait l’action de Jacob qui croisa les mains, pour mettre la droite sur Ephraïm placé à sa gauche; le préférant ainsi à Manassé placé à droite et qu’il touchait de sa main gauche. Ce ne sont donc point « les fils d’Ephraïm, selon la chair, qui bandent l’arc, lancent des flèches, et tournent le dos au jour du combat ».


  1. Ps. LXXVII, 9. ↩

  2. Rom. IX, 31.  ↩

  3. Id. I, 17. ↩

  4. Gal. V, 6. ↩

  5. Philipp. II, 13. ↩

  6. Gen. XLVIII, 14.  ↩

  7. Matth. XX, 16.  ↩

  8. Jean. I, 27,  ↩

  9. Gen. IV, 4,5.  ↩

  10. Id. XXI, 12.  ↩

  11. Id. XXV, 23.  ↩

  12. Id. XXVIII, 27-29. ↩

  13. I Rois, XV, 12.  ↩

  14. Gen. IV, 8.  ↩

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