29.
S’il en est ainsi, et si Dieu se servit des anges pour frapper les Egyptiens, oserions-nous bien dire que ce furent ces mêmes anges qui changèrent les eaux en sang, ces mêmes anges qui produisirent les grenouilles, merveilles qu’imitèrent les magiciens de Pharaon par leurs enchantements? Ces esprits méchants obsédaient-ils ce peuple d’une double manière, l’affligeant d’une part, le trompant de l’autre, selon la juste volonté de Dieu qui, dans sa toute-puissance, se sert très justement de la malice des méchants? Je n’ose prononcer. Pourquoi les magiciens de Pharaon ne purent-ils produire des mouches1? Est-ce parce que les démons n’en reçurent point le pouvoir? Ou mieux, n’y a-t-il point là une raison cachée qui dépasse les forces de notre analyse? Si nous prétendons en effet que Dieu n’agissait alors que par les anges mauvais, parce qu’il s’agissait de châtiments à infliger, et non de faveurs à distribuer, comme si Dieu ne châtiait jamais par le ministère des bons anges, mais seulement par ces bourreaux de la milice céleste; il nous faudra croire que Sodome fut ruinée par les mauvais anges, et que ce fut à de mauvais anges qu’Abraham et Loth donnèrent l’hospitalité. Loin de nous de le penser contre l’autorité si claire des Ecritures2. Il est donc évident que ces maux peuvent arriver aux hommes par les bons et par les mauvais anges. J’ignore quand cela se fait ou se doit faire. Mais Dieu qui le fait ne l’ignore pas, non plus que le confident qu’il lui plaît de se choisir. Toutefois, en prenant l’Ecriture pour règle de mes pensées, je lis que Dieu châtie par les bons anges, comme il arriva pour Sodome, et qu’il châtie par les mauvais anges, comme il arriva pour les Egyptiens: mais je ne sache pas que par le moyen des bons anges, il ait infligé aux justes une épreuve corporelle.