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« Il rejeta le tabernacle de Joseph, et ne choisit point la tribu d’Ephraïm. Mais il choisit la tribu de Juda1 » Il n’est point dit qu’il ait rejeté le tabernacle de Ruben, qui fut le premier-né de Jacob, non plus que ceux qui suivirent Ruben et qui précédèrent Jacob dans l’ordre de naissance, pour choisir Juda après avoir rejeté les autres. On pouvait croire néanmoins que ces tribus étaient rejetées car Jacob, dans la bénédiction qu’il donne à ses lits, maudit les crimes détestables des aînés2 : toutefois, parmi eux la tribu de Lévi mérita d’être la tribu sacerdotale, et de donner le jour à Moïse3. Le Prophète ne dit point que Dieu rejeta la tribu de Benjamin ; ou qu’il ne choisit point la tribu de Benjamin, qui fut la première à donner un roi ; car ce fut en elle que Saut fut élu4. Or, le peu de temps qui s’écoule entre la réprobation de Saül qui fut rejeté, et l’élection de David5, nous ferait dire parfaitement bien, que Dieu rejeta Benjamin. Mais le Prophète ne donna que les noms de ceux que leurs mérites paraissaient rendre plus célèbres. Joseph nourrit en Egypte son père et ses frères. Vendu sans aucune pitié, il mérita d’arriver au comble de la gloire, par sa piété, sa chasteté, sa sagesse6: Ephraïm fut préféré à son aîné dans la bénédiction le Jacob son aïeul7: et pourtant Dieu rejeta le tabernacle de Joseph, et ne choisit point Ephraïm ». Que nous montre le Prophète par ces noms d’un mérite éclatant, sinon que ce peuple tout entier fut rejeté et réprouvé parce qu’il n’avait jamais recherché de Dieu que des biens temporels : et que si la tribu de Juda fut choisie, ce ne fut point à cause des mérites de Juda? Joseph méritait beaucoup plus. Mais comme c’est de la tribu de Juda que le Christ est né selon la chair, l’Ecriture nous montre ici que le peuple du Christ, peuple nouveau, a été préféré à l’ancien peuple, par le Seigneur qui ouvre sa bouche en paraboles. Aussi dans ces paroles qui suivent : « La montagne de Sion qu’il a aimée », nous aimons mieux voir l’Eglise du Christ, qui ne sert point Dieu à cause des biens temporels, mais qui plonge les regards de sa foi dans un lointain avenir et sur les biens éternels: car Sion signifie contemplation.