13.
« Afin qu’on ne dise point dans les nations : où est leur Dieu1?» Ces paroles qu’ajoute le Prophète, sont plutôt en faveur des nations. Car elles périssent misérablement si elles n’espèrent point en Dieu, si elles croient ou qu’il n’existe point, ou qu’il n’est pour les siens d’aucun secours, ne leur accorde aucune faveur, « Et que, sous nos yeux, on sache parmi les nations, que vous vengez le sang de vos serviteurs qui a été répandu »: c’est ce qui s’accomplit, ou bien quand ceux qui persécutaient l’héritage du Seigneur croient en lui; c’est là en effet une vengeance qui fait mourir par le glaive de la parole de Dieu leur injuste cruauté: et c’est de ce glaive qu’il est dit: «Ceignez votre épée2 »; ou bien quand les ennemis de Dieu persévèrent jusqu’à la fin, et sont châtiés. Car les maux du corps qu’ils endurent en cette vie, leur sont communs avec les bons. Il est encore une autre vengeance, c’est l’extension et la fécondité de l’Eglise en ce monde, après ces persécutions dont ils pensaient l’exterminer; c’est ce que voit tout pécheur, tout incrédule, tout ennemi de Dieu, qui en grince les dents, et en sèche de dépit3. C’est là un châtiment des plus sensibles; qui oserait le nier? Mais je doute que cette expression « sous nos yeux », se puisse entendre avec justesse, de cette peine qui demeure cachée au fond du coeur, qui torture ceux qui nous applaudissent et nous sourient, sans que nous puissions voir ce qu’ils souffrent dans l’intérieur de l’âme, Mais si l’on entend par là cette foi des persécuteurs qui tue leur injustice; ou le supplice qui vient torturer leur persévérance dans le mal, nous pouvons sans difficulté y appliquer ces paroles : « Que, sous nos yeux, on connaisse vos vengeances parmi les nations ».