14.
« Que votre main s’étende sur l’homme de votre droite, sur le fils de l’homme que vous avez établi dans votre force, et nous ne vous quitterons plus1 ». Jusques à quand subsistera cette race corrompue et rebelle, qui ne redresse point sors coeur2? Qu’Asaph dise à Dieu : Montrez votre miséricorde, faites-en sentir les effets à votre vigne, et rendez-la parfaite : « Car l’aveuglement est tombé sur une partie d’Israël, jusqu’à ce que la plénitude des nations entrât dans l’Eglise, et qu’ainsi tout Israël fût sauvé3». Quand la lumière de votre face se reflétera « sur l’homme de votre droite, que vous avez affermi dans votre force, nous ne nous éloignerons plus de vous ». Jusques à quand dureront vos menaces? Combien encore vos accusations? Accordez-nous cette grâce, « et nous ne vous quitterons plus. Vous nous rendrez la vie, et nous invoquerons votre nom ». Vous nous comblerez de vos faveurs, « vous nous rendrez la vie ». Autrefois nous aimions la terre, et non point vous. Mais vous avez fait mourir en nous les membres de l’homme terrestre4. Car cet Ancien Testament, qui a des promesses terrestres, semble porter les hommes à n’aimer point Dieu gratuitement, mais à l’aimer pour les biens qu’il nous donne ici-bas. Dis-moi : que peux-tu aimer, et préférer à Dieu? Aime, si tu le peux, quelque créature qu’il n’ait point faite.
Jette les yeux sur toutes les créatures, vois si l’amorce de la convoitise n’attache point ton coeur quelque part, le détournant ainsi de l’amour de Dieu, et si tu ne négliges point le Créateur pour t’éprendre de ses oeuvres. Pourquoi les aimer, sinon à cause de leur beauté? Mais peuvent-elles égaler en beauté celui qui les a faites? Tu admires ces beautés parce que tu ne vois point celles de Dieu; mais sers-toi de ces beautés que tu admires, pour aimer- Dieu que tu ne vois pas. Interroge la créature; si elle subsiste par elle-même, demeure en elle; mais si elle vient de Dieu, ce qui la rend nuisible à celui qui s’y attache, c’est la préférence qu’on lui accorde sur le Créateur. Pourquoi vous tenir ce langage? C’est, mes frères, à cause du verset que nous expliquons. Ils étaient donc morts, ceux qui n’avaient pour honorer Dieu, d’autre motif que d’obtenir de lui les biens charnels : or, l’amour des choses de la chair, c’est la mort5; et ils sont véritablement morts ceux qui ne servent point Dieu gratuitement, c’est-à-dire parce qu’il est bon, et non parce qu’il donne de ces biens dont il ne prive pas les méchants. Tu demandes à Dieu des richesses? Les voleurs en ont. Une épouse, une famille nombreuse, la santé du corps, les dignités du siècle? Vois combien de méchants possèdent ces biens. C’est pour cela seulement que tu sers Dieu? Alors tes pieds seront ébranlés, et tu penseras que tu sers Dieu en vain, quand tu verras jouir de ces biens ceux qui ne le servent point6. Donc ces biens, il les donne aux méchants, et se réserve lui-même aux bons. « Vous nous donnerez la vie » ; car nous étions morts, quand nous nous attachions aux biens de la terre nous étions morts quand nous portions l’image de l’homme terrestre. « Vous nous donnerez la vie; vous nous changerez en nous donnant la vie de l’homme intérieur, et nous invoquerons votre nom » ; c’est-à-dire nous vous aimerons. Dans votre douceur, vous nous remettrez nos péchés, vous nous justifierez, et serez notre unique récompense. « Seigneur, Dieu des vertus, revenez à nous, montrez-nous votre face, et nous serons sauvés7»