10.
« Quel est l’homme qui vivra, et ne verra point la mort? » Car, en se levant d’entre les morts, il ne meurt plus, la mort n’a plus d’empire sur lui1. Enfin, comme il est écrit dans un autre psaume: « Vous ne laisserez point mon âme dans l’enfer, et vous n’abandonnerez point votre saint à la corruption2 » voilà que les Apôtres s’emparent de ce témoignage, pour s’en servir dans les actes contre les infidèles, en disant : « Mes frères, nous savons que le patriarche David est mort, et que sa chair a éprouvé la corruption ». Ce n’est donc point de lui qu’il est dit : « Vous n’abandonnerez point votre saint à la corruption3». Si donc cette parole ne le concerne point, de quel homme est-il dit : « Quel est l’homme qui vivra et ne verra point la mort? » Peut-être n’y a-t-il personne. Cette parole, au contraire, « quel est l’homme », n’est que pour vous le faire chercher, et non pour faire désespérer d’en trouver un. Mais peut-être est-il un homme « qui vivra, et ne verra point la mort » ; et toutefois cela ne s’applique point au Christ, qui est mort. Il est certain, au contraire, que « nul homme ne vivra sans voir la mort », sinon celui qui est mort pour les mortels. Et afin de voir que cette parole s’applique à lui, vois la suite : « Quel homme vivra sans voir la mort? » Jamais donc il n’a vu la mort? Il l’a vue. Comment donc vivra-t-il sans voir la mort? Il délivrera son âme de la puissance de l’enfer. C’est vraiment lui seul, et seul sans exception, qui « vivra et ne verra point la mort, qui délivrera son âme de la puissance de l’enfer » ; car si tous les fidèles se lèvent d’entre les morts, s’ils vivent aussi dans l’éternité et ne voient plus la mort; ils ne peuvent toutefois délivrer leurs âmes de la puissance de l’enfer. Celui-là qui délivre son âme des puissances de l’enfer, en délivre aussi les âmes de ses fidèles , car ils ne peuvent se délivrer eux-mêmes. Montrez, diras-tu, qu’il a délivré son âme. « J’ai le pouvoir », dit-il, « de donner mon âme et aussi le pouvoir de la reprendre ; nul ne peut me l’ôter, car c’est moi qui ai dormi4, « c’est donc moi qui donne ma vie, et moi qui la reprends5»; ainsi c’est lui qui a délivré son âme de la puissance de l’enfer.