3.
Tout d’abord, si tu as fait quelques progrès dans la piété, tu dois confesser à Dieu que ces progrès viennent de sa grâce et non de tes mérites. C’est ainsi qu’il faut commencer à célébrer ton sabbat; et ne t’attribue point ce qui te vient de Dieu, comme si tu ne l’avais point reçu1; ne t’excuse point non plus du mal que tu as fait, car il est véritable. nient de toi. Des hommes pervers et dans le trouble, qui ne célèbrent point le sabbat, rejettent sur Dieu le mal qu’ils font, et s’attribuent le bien. Celui-ci fait-il une bonne action? C’est moi qui l’ai faite, s’écrie-t-il. Fait-il du mal ? Il cherche à qui l’attribuer, pour ne point le confesser à Dieu. Qu’est-ce à dire qu’il cherche à qui l’attribuer ? S’il n’est pas tout à fait impie, il a sous la main le diable qu’il accuse: c’est le diable qui en est l’auteur, le conseiller, l’instigateur, comme si Satan avait le pouvoir de te forcer. Il a le pouvoir de te solliciter au mal; que si Satan venait à parler, et Dieu à garder le silence, tu pourrais encore t’excuser; mais maintenant tu es entre Dieu qui t’avertit, elle diable qui te pousse au mal. Pourquoi incliner l’oreille de l’un à l’autre? Satan ne cesse de te pousser au mal, Dieu ne cesse de te porter au bien. Satan ne saurait te forcer; tu as toujours le Pouvoir de consentir ou de résister. Si tu agis mal à son instigation, laisse là le diable, n’accuse que toi-même, afin que ton aveu te mérite le pardon de la part de Dieu. A quoi bon accuser celui qui ne peut obtenir son pardon ? C’est toi qu’il faut accuser, et tu obtiendras ton pardon. D’autres, sans accuser le diable, accusent le destin. C’est le destin, dit l’un, qui m’a poussé. Qu’as-tu fait? diras-tu à l’un, pourquoi un tel crime? C’est mon malheureux destin, répond-il. Pour ne point dire: Voilà ce que j’ai fait, il lève les mains contre Dieu, et sa langue profère des blasphèmes. Il ne le fait pas ouvertement, mais vois s’il ne le dit pas en effet. Demande-lui ce qu’est le destin, et il dira: Sa mauvaise étoile. Demande-lui qui a fait les étoiles, qui en a réglé le cours : à bout de réponses, il dira que c’est Dieu. Il n’a donc plus de ressource que d’accuser Dieu , soit directement, soit indirectement, soit sans aucun détour; et bien que Dieu punisse les fautes, il attribue néanmoins ses fautes à Dieu. Mais Dieu ne saurait punir ce qu’il a fait. Il châtie ce que tu fais, min de délivrer ce qu’il a fait. Souvent encore ces pécheurs, sans aucun subterfuge, s’en prennent à Dieu même; et quand ils deviennent coupables, ils s’écrient : C’est Dieu qui l’a moulu; si Dieu ne l’eût point voulu, je n’eusse point péché. Il t’avertit, et non content de mépriser cette bonté au point de l’offenser, faut-il encore l’accuser de ta faute? Que nous apprend donc ce psaume? « Il est bon de confesser au Seigneur. Qu’est-ce à dire confesser au Seigneur?» Il faut également confesser au Seigneur, et que la faute vient de toi, et que tes bonnes actions viennent de lui. Alors « tu chanteras un psaume au nom du Très-Haut », cherchant la gloire de Dieu et non la tienne, bénissant son nom et pas le tien. Si tu cherches le nom du Seigneur, il cherche aussi le tien : si au contraire tu négliges la gloire de Dieu, il effacera aussi ton nom. Comment ai-je pu dire qu’il cherche ton nom? Comme il le fit à l’égard de ses disciples, qui revenaient de prêcher l’Evangile où il les avait envoyés. ils avaient fait beaucoup de miracles, chassé les démons au nom du Christ, et ils revenaient en disant : « Seigneur, voilà que les démons nous sont soumis. » Sans doute ils avaient dit : « en votre nom », mais il vit qu’ils se réjouissaient de cette gloire, qu’ils tendaient quelque peu à l’orgueil, parce qu’ils avaient pu chasser les démons. Il vit qu’ils cherchaient leur propre gloire, et il leur dit, cherchant à son tour ou plutôt conservant leurs noms en lui-même : « Ne vous réjouissez point de cela, mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans le ciel2». C’est là qu’est ton nom, si tu ne négliges point le nom du Seigneur. Chante alors sur la harpe le nom du Seigneur, afin que ton nom soit affermi en Dieu. Qu’est-ce, mes frères, que chanter sur la harpe? La harpe est un instrument de musique pourvu de cordes, Nos oeuvres, voilà donc notre harpe. C’est chanter le Seigneur que mettre la main aux bonnes oeuvres. Chante-le de la voix, chante-lui par les oeuvres.