21.
« Si le Seigneur ne m’eût secouru, mon âme eût habité les enfers1 ». Elle serait descendue dans la fosse préparée aux pécheurs. Voilà ce que signifie: « Peu s’en faut que mon âme n’eût habité dans l’enfer » Notre interlocuteur, se voyant ébranlé, près de consentir au mal, a jeté les yeux sur le Seigneur. Des railleries peut-être l’amenaient à l’iniquité. Souvent les méchants se rassemblent pour insulter aux gens de bien, surtout quand ils sont en plus grand nombre et qu’ils environnent un homme isolé, comme la paille dans l’aire environne le bon grain. (Mais ils ne seront plus ensemble quand cette masse aura été vannée). Cet homme de bien se trouve donc environné de méchants, qui le persiflent, qui le circonviennent, qui s’efforcent de s’imposer à lui, qui le harcèlent parce qu’il est juste, qui font de sa justice un sujet de sarcasmes : Vous êtes, lui disent-ils, un grand Apôtre; vous avez été ravi au ciel comme Elle. Ainsi parlent ces hommes, afin que, fatigué de ces traits envenimés, le juste rougisse enfin au milieu d’eux, Qu’il résiste donc à ces méchants, et que pour leur résister il ne compte point sur ses forces, de peur qu’il ne devienne orgueilleux en voulant fuir les orgueilleux et n’aille augmenter leur nombre. Que dire alors? « Qui s’élèvera pour ce moi contre les méchants, ou qui voudra s’unir à moi contre ceux qui font le mal? Si Dieu ne m’était venu en aide, peu s’en ce faudrait que mon âme ne fût dans l’enfer».
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Ps. XCIII, 17. ↩