29.
Que le juste donc supporte l’injuste; que pendant son labeur passager, le juste supporte l’impunité passagère des méchants, puisque le juste vit de la foi1. Il n’y a d’autre justice pour l’homme en cette vie, que de vivre selon la foi qui agit par la charité2. Or, si le juste vit de la foi, qu’il croie, qu’après cette vie de labeur, il jouira du repos éternel, comme le méchant, après la joie d’ici-bas, souffrira des tourments sans fin. Or, si la foi agit par la charité, qu’il aime jusqu’à ses ennemis3, et autant qu’il est en lui, qu’il cherche à leur être utile : par là, malgré leur volonté, ils ne pourront lui nuire aucunement. Et quand parfois Dieu leur aura donné la puissance de nuire et de dominer qu’il élève son coeur en haut, où nul ne peut nuire; qu’il s’instruise et se nourrisse de la toi de Dieu, afin que ses jours soient adoucis jusqu’à ce qu’une fosse soit creusée au pécheur. Si sa volonté est dans la loi de Dieu, s’il médite cette loi jour et nuit4, si sa conversation est dans le ciel5, du haut du firmament il brillera sur la terre, selon le titre du psaume, à propos du quatrième jour, où fument créés les astres6 : en sorte qu’il fera tout sans murmure, gardant la parole de Dieu, au milieu d’une nation tortueuse et perverse7. De même que la nuit n’éteint pas dans les cieux la lumière des astres : ainsi l’iniquité n’abattra point les âmes des fidèles fixées dans le firmament des Ecritures divines. Cette puissance que Dieu abandonne quelquefois aux méchants, sur nos biens terrestres, non-seulement sert à nous instruire, à nous faire chercher en Dieu notre refuge, dans le Seigneur l’appui de notre espérance; mais elle sert encore à creuser une fosse au pécheur, dont il est dit dans un autre psaume : « Il chancellera et tombera, quand il aura dominé le pauvre8».