4.
« Prévenons sa présence par une confession ». Ce mot de confession a deux sens dams les saintes Ecritures. Il y a une confession qui loue, et une confession qui gémit. La confession qui loue est en l’honneur de Dieu qui est loué: et la confession qui gémit est une pénitence pour celui qui la fait. Il y a donc confession dans l’homme qui loue Dieu, et confession chez celui qui avoue ses fautes; la langue n’a rien de plus digne. Ce sont là, je le crois, ces voeux dont le Prophète a dit dans un autre psaume: « Je vous rendrai les voeux que mes lèvres ont discernés1 ». Rien de plus relevé que cette distinction, rien de plus nécessaire que de la comprendre et de la pratiquer. Comment donc discerner les voeux que tu fais à Dieu? En le louant et en t’accusant toi-même; car la rémission de nos péchés est un effet de sa miséricorde. S’il voulait nous traiter selon nos mérites, il ne trouverait qu’à nous condamner. Venez donc, dit le Prophète, éloignons-nous de nos péchés, afin que le Seigneur ne nous demande pas compte du passé, mais qu’en venant à nouveau compter avec nous, il brûle toutes les obligations de nos dettes précédentes. Confessons donc sa louange, confessons sa miséricorde en chantant sa louange. Si la confession était toujours l’expression de la pénitence, l’Evangile ne nous dirait pas du Sauveur lui-même « En cette heure Jésus se réjouit dans l’Esprit-Saint, et dit: Père, Seigneur du ciel et de la terre, je vous confesse, parce que vous avez dérobé ces choses aux sages et aux prudents, pour les révéler aux petits2» : cette confession faisait-elle de Jésus-Christ un pénitent? Il ne pouvait se repentir de rien, puisqu’il n’était coupable d’aucune faute: c’était une confession à la gloire de son Père. Et comme dans notre psaume il est question de jubilations, il nous faut sans doute par confession entendre celle qui est en l’honneur de Dieu; et dès lors, louange du cantique, ne sera point la confession du repentir, mais la confession de la louange. Mais pourquoi le Prophète nous parle-t-il aussitôt d’une certaine confession en disant: « Prévenons sa face par la confession?» Qu’est-ce à dire : « Prévenons sa face par la confession ? » Dieu viendra; auparavant « prévenons sa face par la confession »: avant qu’il arrive, condamnons par un humble aveu ce que nous avons fait, afin qu’il ne trouve plus rien à condamner, mais de quoi couronner. Mais confesser tes péchés, n’est-ce point rendre gloire à Dieu? C’est assurément le plus grand honneur qu’on puisse lui rendre. Pourquoi le plus grand honneur? Parce que le médecin est d’autant plus digne de louanges qu’on désespérait plus du malade. Confesse donc tes péchés d’autant plus que tu désespérais de toi-même à cause de tes iniquités. Plus ta confession grossira tes fautes, plus tu relèveras là gloire de celui qui les pardonne. Ne croyons donc point nous écarter de la louange du cantique, en prenant la confession dans le sens de l’aveu des péchés. Car il y a dans cette confession louange de Dieu, puisque, reconnaître nos péchés, c’est signaler la gloire à Dieu. « Prévenons sa présence par la confession ».