6.
« Qu’ils rendent gloire à votre grand nom1». Que tous ces Peuples que domine le Dieu qui est grand en Sion, « rendent gloire à son nom si grand ». Votre nom était faible, ô mon Dieu, quand ils frémissaient de colère: maintenant qu’il est grand, puissent-ils le bénir. Comment disons-nous que le nom du Christ était faible avant qu’il se répandît avec tant d’éclat ? C’est que le nom se prend ici pour la renommée ; c’est pourquoi il était faible alors et maintenant il est grand. Quelle nation n’a pas entendu le nom du Christ? Que les peuples donc rendent témoignage à la grandeur de votre nom, eux qui frémissaient quand il était faible. « Qu’ils confessent la grandeur de votre nom ». Pourquoi la confesser ? « C’est qu’il est terrible et qu’il est saint». Votre nom, ô mon Dieu, est un nom saint et terrible. Ainsi on prêche la mort de Jésus à la croix, on prêche ses humiliations, on prêche le jugement qu’il a subi, mais en prêchant son avènement dans sa gloire, en prêchant qu’il est vivant, en prêchant qu’il viendra pour juger. Maintenant il épargne les peuples blasphémateurs, parce que le baptême de Dieu amène à la pénitence2. Car, celui qui épargne maintenant, épargnera-t-il toujours? et si maintenant on le prêche pour le faire craindre, ne doit-il point venir juger? Il viendra donc , mes frères, il viendra ; craignons-le, et vivons de manière à être placés à sa droite. Car il viendra pour juger, et il placera les uns à sa droite, les autres à sa gauche3. Et toutefois il ne fait point ce discernement de manière à se tromper, à mettre à gauche celui qui doit être placé à droite, ou à placer à droite celui qui doit être placé à gauche. Dieu ne saurait se tromper, ni mettre dès lors le méchant à la place du bon, non plus que le bon à la place du méchant. Mais s’il ne saurait se tromper, c’est nous tromper beaucoup, que ne pas craindre ; et si nous craignons maintenant, nous n’aurons plus rien à craindre alors. « Son nom est terrible et saint : l’honneur du roi aime l’équité ». Que les peuples donc le craignent et se craignent : qu’ils ne présument point de sa miséricorde au point de s’oublier et de vivre dans le désordre ; car s’il aime la miséricorde, il aime aussi la justice. Où est sa miséricorde? A vous prêcher la vérité, à prendre sa grande voix pour vous amener à la conversion. Est-ce donc peu pour sa miséricorde, de ne pas t’avoir retranché de la terre au milieu de tes crimes, alors que tu vivais dans le désordre, et de t’avoir pardonné tes fautes, en considération de ta foi? Est-ce peu pour sa miséricorde, et penses-tu qu’il sera toujours miséricordieux, au point de ne jamais punir? Garde-t-en bien. Son nom est terrible et saint, « et l’honneur du roi aime l’équité». Il y aurait injustice dans le jugement, ou plutôt ce ne serait point un jugement, si chacun n’était traité selon ses mérites, selon le bien ou le mal qu’il a fait pendant qu’il était sur la terre4. « L’honneur du roi aime le jugement ». Craignons donc alors, pratiquons la justice, et suivons l’équité.