3.
« Seigneur, écoutez ma prière, et que mes cris viennent jusqu’à vous1 ». Or, « Seigneur, exaucez ma prière », revient à dire: « Que mes cris arrivent jusqu’à vous ». Ce redoublement est une véhémence de sentiment dans la prière. « Ne détournez point de moi votre face2 ». Quand est-ce que Dieu détourna sa face de son Fils? Le Père de son Christ? Mais à cause de la pauvreté des membres : « Ne détournez point de moi votre face, au jour de mes tribulations; inclinez vers moi votre oreille ». C’est ici-bas que je suis dans l’angoisse, et vous, Seigneur,vous êtes en haut des cieux. Si je m’élève, vous êtes loin de moi; si je m’abaisse, vous inclinez votre oreille vers moi. Mais qu’est-ce à dire, « au jour de mes tribulations? » N’ est-il point maintenant dans l’angoisse? Et parlerait-il de la sorte, s’il n’était dans l’épreuve? Il aurait donc suffi de dire: Inclinez votre oreille vers moi, parce que je suis dans l’angoisse. « En quelque jour que je sois dans l’angoisse, inclinez votre oreille vers moi ». Telle est ta prière de tout le corps, et si un membre souffre, tous les membres souffrent aussi3. Tu es donc aujourd’hui dans l’affliction, j’y suis avec toi. Un autre y sera demain, j’y serai avec lui; et après cette génération, ceux qui succéderont à nos descendants, y seront aussi, j’y serai avec eux; quiconque de mes membres peut être dans la tribulation, jusqu’à la fin des siècles, j’y suis avec lui. « En quelque jour que je sois dans la tribulation, inclinez votre oreille vers moi; en quelque jour que je vous invoque, exaucez-moi sans retard ». Ce qui est la même pensée. Maintenant donc je vous invoque: mais « au jour où je vous invoquerai, hâtez-vous de me secourir ». Pierre a prié, Paul a prié, les autres Apôtres ont prié; dans ces mêmes temps les fidèles ont prié, les fidèles ont prié dans les temps qui ont suivi, les fidèles ont prié au temps des martyrs, les fidèles prient dans les temps où nous sommes, les fidèles prieront encore dans l’avenir: « En quelque jour que je vous invoque, hâtez-vous de me secourir ». « Hâtez-vous de me secourir »; car je demande ce que vous voulez accorder. Ce n’est point l’homme terrestre désirant les biens de la terre; mais racheté de la captivité primitive, j’espère au royaume des cieux. « Exaucez-moi sans délai » ; car ce n’est qu’à ceux qui ont de semblables désirs, que vous avez dit: « Tu parleras encore, quand je répondrai: Me voici4. En quelque jour que je vous invoque, exaucez-moi sans retard ». D’où vient ton invocation? De quelle tribulation? De quelle pauvreté? O pauvre, couché devant la porte d’un Dieu si riche, quel désir te fait mendier? Quel besoin te fait crier vers lui? Quelle indigence te fait frapper et demander que l’on ouvre? Parle, afin que nous entendions ta pauvreté, que nous nous y reconnaissions nous-mêmes, et que nous sollicitions avec toi. Ecoute et reconnais-toi, si tu le peux.