5.
Ecoutez quels sont ses dons: « C’est lui qui te pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes langueurs, qui rachète ta vie de la corruption, qui te couronne de miséricorde et d’amour, qui rassasie de bonheur tes désirs, qui renouvelle ta jeunesse comme « celle de l’aigle1». Voilà ses bienfaits. Que devait-il au pécheur autre chose que le supplice? Que devait-il au blasphémateur, sinon la flamme de l’enfer? Ce n’est point là ce qu’il nous a rendu. Ne tremble point, ne t’effraie point, que ta crainte ne soit point sans amour. Garde-toi d’oublier les rétributions de sa bonté, change de vie, si tu ne veux éprouver ses rétributions, comment dirai-je? Mauvaises? mais si elles sont justes elles ne sont point mauvaises. Elles ne sont donc mauvaises que de ta part; mais du côté de Dieu, ces maux que tu endures ne sont point des maux, car s’ils sont justes, ils sont des biens; ils ne sont des maux que pour toi qui les endures. Veux-tu que la justice de Dieu ne devienne point un mal pour toi? Que ton iniquité ne soit plus un mal devant Dieu. Jamais, en effet, il n’a cessé d’appeler, ni d’instruire ceux qu’il appelait, ni de perfectionner ceux qu’il avait instruits, ni de couronner ceux qu’il avait perfectionnés. Que répondre? Que tu es pécheur? Tourne-toi vers Dieu, et reçois ses grâces: « Il te pardonne toutes tes iniquités ». Mais après cette rémission de tes fautes, il te reste un corps infirme, et qui est nécessairement aiguillonné par les désirs de la chair, par les convoitises illicites. Ta chair est donc faible encore, la mort n’est pas encore absorbée par la victoire, et ce que tu as de corruptible, n’est point revêtu encore d’incorruptibilité2,et même après la rémission des fautes, ne laisse pas d’être assujetti à bien des troubles: elle est exposée au péril des tentations: parfois elle trouve un plaisir dans les suggestions, et parfois elle les rejette, et quand elle y trouve un plaisir, souvent elle s’y laisse aller et succombe. C’est une langueur, et Dieu «guérit toutes nos langueurs ». Toutes tes langueurs seront guéries, sois donc sans crainte. Ces langueurs sont grandes, me diras-tu; le médecin est plus grand encore. Pour un médecin tout-puissant, il n’est point de langueur incurable; laisse-toi seulement guérir, ne repousse pas sa main, il sait ce qu’il doit faire. Qu’il te plaise, non-seulement quand il adoucit ta douleur, mais aussi quand il y porte le fer; souffre un médicament douloureux, en vue de la santé qui doit suivre. Voyez, mes frères, dans les maladies du corps, ce qu’endurent les hommes, afin de mourir encore après avoir vécu peu de jours, et encore peu de jours incertains. Beaucoup, après avoir cruellement souffert dans les incisions qu’on leur faisait, ou mouraient entre les mains du médecin, ou, après leur guérison, succombaient à une autre maladie. S’ils eussent cru leur mort si proche, eussent-ils enduré ces douleurs? Mais toi, tu souffres sans incertitude: et celui qui t’a promis la guérison ne saurait se tromper. Un médecin se trompe quelquefois, et néanmoins il promet de guérir un corps humain. D’où vient qu’il se trompe? C’est qu’il ne soigne point ce qu’il a fait. C’est Dieu qui a fait ton corps, Dieu qui a fait ton âme: il sait comment refaire ce qu’il a créé; comment rétablir ce qu’il a formé. Pour toi, laisse agir la main du médecin; il hait ceux qui la repoussent. Il n’en est pas ainsi de la main du médecin qui est tin homme. Car les hommes se laissent garrotter, trancher même; ils sont tout prêts à endurer une douleur certaine pour une santé douteuse, et à bien payer le médecin. Quant au Dieu qui t’a fait, il te guérira certainement et gratuitement. Supporte donc sa main, ô toi, mon âme qui le bénis, n’oublie jamais ses bienfaits, puisqu’ « il guérit toutes tes langueurs».