19.
« Que les pécheurs soient effacés de la terre1». On dirait une colère du Prophète. O bénie soit l’âme dont c’est là l’hymne et le gémissement! Plaise à Dieu que votre âme soit avec cette âme, qu’elle y soit unie, liée, attachée! Elle verrait alors la douceur de cette colère. Qui peut comprendre ceci, s’il n’est rempli de charité? « Que les pécheurs soient effacés de la terre ». Tu trembles devant cette malédiction, et de qui vient-elle? D’un saint. Assurément il sera exaucé. Mais il est dit aux saints : « Bénissez, et ne maudissez, point2 ». Que signifie donc: « Que les pécheurs disparaissent de la terre?» Oui, qu’ils disparaissent; que leur esprit leur soit retiré, et qu’ils s’affaissent, afin que Dieu envoie son esprit qui les créera de nouveau. « Que les pécheurs disparaissent de la terre, ainsi que les méchants, en sorte qu’ils ne soient plus ». Qu’est-ce qu’ils ne seront plus, sinon qu’ils ne seront plus méchants ? Mais pour n’être plus méchants, ils deviendront donc justes. Voilà ce que veut le Prophète, et il en est au comble de la joie, et il en revient au premier verset du psaume . « O mon âme, bénis le Seigneur ». Oui, mes frères, que notre âme bénisse le Seigneur, qui a daigné nous donner, à moi des forces et des paroles, à vous l’attention et la bonne volonté. Que chacun se souvienne de ce qu’il a entendu; qu’il s’en entretienne intérieurement, qu’il rumine la nourriture qu’il a prise, et ne la perde point dans les entrailles de l’oubli. Que ce précieux trésor repose dans votre bouche3. Il en a coûté un grand travail, pour étudier et pénétrer ces symboles, un grand travail encore pour les prêcher et les élucider : que cette fatigue vous soit profitable, et que notre âme bénisse le Seigneur.